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d’or, ne se lassant point d’abattre et de relever l’édifice de leur chevelure, les joues étincelantes de fard, les sourcils imprégnés de fausses couleurs, emploient, pour embellir leur corps et séduire de nombreux amants, le même art impur et menteur que les Égyptiens mettent en usage pour attirer des adorateurs au monstre qu’ils appellent leur Dieu ? Si vous soulevez, en effet, le voile de ce nouveau temple ; si vos yeux percent ces habits de pourpre, ces bijoux, ce fard, ces teintures dont elles sont couvertes et tout imprégnées ; si vous pénétrez avidement jusqu’à leur âme, dans l’espoir d’y trouver une véritable beauté qui réponde à tant d’ornements, ce que vous trouverez, je le sais, vous repoussera et vous fera horreur. Ce temple magnifique est impur : l’image de Dieu ne l’habite plus. Vous l’y chercheriez vainement : un esprit d’orgueil et d’impureté en a pris la place, semblable à la bête impure et magnifiquement parée que l’Égypte place sur ses autels. Ce serpent séducteur ronge et dévore leur intelligence par l’amour de la fausse gloire ; de leur âme il fait sa caverne, et lorsqu’enfin il l’a tout inondée de venins mortels, lorsqu’il y a vomi de sa bouche impure et empoisonnée les passions infâmes dont il est le père, il change toutes ces femmes en autant de prostituées ; devenu, dis-je, leur corrupteur, il fait métier et marchandise de leur corruption. Ce ne sont plus des femmes, ce sont des courtisanes éhontées. Elles n’ont plus aucun soin de leurs maisons, plus aucun soin de l’administration de leurs familles ; elles dévorent, elles épuisent dans leurs débauches toutes les richesses de leurs maris. Il faut qu’elles paraissent belles ; il faut que de nombreux amants le leur disent et le leur fassent croire, et tandis que des esclaves, achetés à prix d’argent, vaquent aux occupations qu’elles devraient remplir, elles consument les longues heures de la journée à composer et décomposer l’artifice de leur parure. Vous diriez qu’elles veulent faire un ragoût de leur chair, tant elles s’étudient à la rendre molle et délicate. Cependant elles s’enferment dans leurs appartements et n’en sortent point de tout le jour, de peur que son éclat ne trahisse et n’efface l’éclat emprunté de leur teint. Il