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le même apôtre, s’est lui-même anéanti en prenant la forme de l’esclave ; » il appelle esclave l’homme extérieur, avant que le Seigneur, descendant jusqu’à lui, se fût comme lui revêtu de chair. Car maintenant, par ce grand acte de miséricorde, il a fait libre la chair même ; il l’a délivrée de la mort, d’un esclavage honteux et mortel ; il l’a rendue incorruptible, et lui a donné pour ornement la durée sans fin de l’éternité.

Il est encore pour les hommes une autre beauté, je veux dire la charité. « La charité, dit l’apôtre, est patiente ; elle est douce et bienfaisante. La charité n’est point envieuse ; elle n’est point téméraire et précipitée ; elle ne s’enfle point d’orgueil. » Elle n’est point téméraire et précipitée, c’est-à-dire qu’elle rejette les parures vaines et superflues. « Elle n’agit point contre la bienséance, » ajoute l’apôtre ; c’est dire assez que, satisfaite de sa beauté naturelle, elle ne cherche point, par des ornements empruntés et menteurs, à s’en créer une autre qui lui soit étrangère. « Elle ne cherche point ce qui est en elle, dit l’apôtre ; » c’est-à-dire la vérité. La vérité, en effet, lui appartenant, pourquoi la chercherait-elle ? Non, elle cherche ce qui lui est étranger, un trop grand amour de la parure, pour le blâmer et le reprendre avec douceur, parce que cet amour des superfluités est contraire à Dieu, à la raison et à elle-même. Notre Seigneur dédaigna les beautés frivoles qui frappent les yeux. Voyez plutôt le portrait que nous en fait le prophète Isaïe : « Nous l’avons vu, il n’avait ni éclat ni beauté ; son corps ni son visage n’avait rien de beau qui attirât les regards des hommes. » La beauté du Seigneur est cependant sans égale. Mais que lui importait la beauté visible de la chair ? C’était la beauté mystérieuse de l’âme et du corps, qu’il voulait nous montrer. La beauté de l’âme, c’est d’être vertueuse ; la beauté de la chair, c’est d’être immortelle.