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celui là est parfait, qui parle et agit ainsi. « Vous aimerez votre prochain comme vous-même. » Ce sont les vrais plaisirs et les précieux trésors.

Je sais que Dieu nous a donné le pouvoir d’user, mais seulement jusqu’au nécessaire, et il veut que l’usage soit commun. Il est absurde, en effet, il est honteux qu’un seul homme vive dans les festins et les voluptés, tandis que des milliers d’autres meurent de faim. Oui, certes, il y a plus de gloire à être bienfaisant que magnifiquement logé ; plus de sagesse à répandre ses biens sur les hommes, qu’à les échanger contre des métaux et des pierres ; plus d’avantage à posséder des amis qu’on a ornés soi-même, que des ornements inanimés. Quel est celui à qui ses biens ont profité autant que ses bienfaits ? Mais il nous reste à réfuter cette objection : qui donc possédera ce qui est somptueux et magnifique, si nous choisissons tous ce qui est humble et simple ? Nous-mêmes, répondrai-je, si nous en usons froidement et indifféremment ; mais puisqu’il ne peut se faire que tous les hommes soient réglés et tempérants, il faut chercher, pour notre usage particulier, ce qu’il nous est facile de nous procurer, ce qui est nécessaire, et rejeter ce qui ne l’est pas. En un mot, aucune sorte de ces riches ornements que suivent le dégoût et l’ennui ne convient aux femmes chrétiennes, qui doivent mépriser la parure et le monde ; il faut qu’elles soient parées et belles intérieurement. La beauté ou la laideur est dans l’âme ; il n’y a que l’homme vertueux qui soit beau. La vertu brille comme une fleur sur les corps où elle habite, et les revêt d’une pure et douce lumière. La beauté de chaque plante et de chaque animal est dans la vertu qui leur est propre. La vertu de l’homme est la justice, la tempérance, la magnanimité, la piété. C’est l’homme juste qui est beau ; en un mot, c’est celui qui est vertueux, et non point celui qui est riche.

Les soldats veulent aussi que l’or brille sur leurs habits et sur leurs armes. Sans doute ils n’ont pas lu ce passage du poëte, qui dit, en parlant d’un guerrier, « qu’il s’avançait couvert d’or comme une jeune fille. » Du reste, il faut déraciner entièrement cet amour des vaines parures, qui n’ont aucun rap-