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pable d’artifice et de déguisement, brille comme l’or, tandis que les élus y sont représentés par les franges précieuses de ses vêtements.

S’il faut, en faveur des femmes, relâcher quelque chose de cette sévérité, on leur permettra des habits plus commodes, mais point de vaines peintures qui flattent les yeux. Ces couleurs s’évanouissent bientôt, et d’ailleurs les mille préparations qu’on est obligé de faire subir aux laines, en détériorent la nature et en affaiblissent le tissu. Rien n’est plus contraire à une bonne économie, rien n’est encore plus ridicule, que d’admirer ces vêtements bizarres, enfants d’un caprice insensé, voiles, manteaux, écharpes, dont Homère dit que la pudeur est enveloppée et comme étouffée. Rien ne m’indigne plus que de voir tant de richesses si honteusement prodiguées. De quoi le premier homme couvrait-il sa pudeur dans le paradis ? de feuilles et de branches d’arbre ; et nous, à qui la laine des brebis a été donnée pour cet usage, faudra-t-il donc qu’en en abusant nous nous montrions aussi privés de raison que les brebis mêmes. Que sont les vêtements les plus somptueux ? Rien autre chose que les poils de la brebis. Méprisons-les, repoussons-les ; la raison divine, qui prend soin de nous éclairer, nous y exhorte et nous l’ordonne. Laissons Milet et l’Italie vanter la richesse de leurs étoffes ; laissons une multitude insensée s’y complaire et les rechercher, et n’en ayons ni soin ni souci. Saint Jean, ce bienheureux modèle d’une vie simple et sans artifice, rejeta la laine comme un vêtement trop voluptueux, et choisit, pour se vêtir, le poil rude et grossier des chameaux. Sa nourriture était des sauterelles et du miel sauvage, image des voies simples du Seigneur, qu’il était chargé de préparer et d’ouvrir. Il n’avait garde de se vêtir de pourpre après avoir foulé aux pieds le vain faste du monde. Dans le repos de la solitude, cherchant uniquement son Dieu, il s’était retiré en sa présence, et ne conversait qu’avec lui, libre des soins impurs des hommes mondains et de leurs coupables et honteuses frivolités. Le prophète Élie n’avait point d’autre habit qu’une peau de brebis serrée autour de son corps par une ceinture de