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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

rois ; » c’est-à-dire les palais des rois de la terre, palais périssables, où sont la vaine opinion du bien, la fausse gloire, l’ambition, l’erreur et la flatterie. Mais ceux qui suivent la céleste cour règne le Roi des rois ne cessent pas de sanctifier leur corps, afin d’en faire à leur âme un vêtement incorruptible et de se rendre immortels tout entiers. Comme la femme qui ne se marie point s’occupe de Dieu seul, dont aucun soin ne la sépare, ainsi l’épouse chaste partage sa vie entre son Dieu et son mari ; celle qui vit autrement, appartient tout entière à l’homme, et dès lors son mariage n’étant plus dans les voies de Dieu, on peut dire, quoique mariée, qu’elle appartient tout entière au vice. La femme modeste qui aime son mari aime aussi son Dieu. Il n’y a dans son amour et sa piété, qui sont également sincères, ni affectation ni artifice. Mais celle qui préfère à son mari de vains ornements, se sépare à la fois de lui et de Dieu, semblable à cette courtisane d’Argos qui vendit son époux pour une somme d’argent.

Je rends au sophiste de Cée les louanges qui lui sont dues pour avoir fait du vice et de la vertu deux portraits parfaitement appropriés à l’un et à l’autre. Il peint la vertu debout, dans une posture simple et modeste, vêtue d’un habit blanc et parée de sa seule pudeur, véritable modèle d’une femme chaste et vertueuse. Il peint au contraire le vice revêtu d’habits magnifiques, s’enorgueillissant de leurs vives et vaines couleurs, et dans une posture indécise et voluptueuse, semblable à celle qu’affectent les courtisanes. Ceux donc qui suivent la raison ne se doivent attacher à aucune honteuse volupté. Quoique le roi-prophète ait dit en parlant du Seigneur : « La myrrhe, l’ambre et le sandal s’exhalent de vos vêtements et des palais d’ivoire, où les filles des rois font vos délices et votre gloire ; la reine, votre épouse, est restée debout à votre droite, revêtue de l’or d’Ophir. » Ces louanges données aux vêtements célestes ne veulent point dire qu’ils soient réellement éclatants de luxe et d’orgueil ; mais c’est une figure de la vraie foi, ornement parfait et incorruptible de ceux qui ont obtenu miséricorde, et de l’Église, dans laquelle Jésus-Christ, inca-