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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

lui-même a pris soin d’éveiller, comment ne nous efforcerions-nous pas d’atteindre à la connaissance de la vraie beauté et à sa possession, laissant au monde les faux ornements du monde, et jouissant des vrais, en attendant que nous nous endormions du sommeil de paix. Je dis donc que l’homme n’a besoin d’habits que pour se mettre à l’abri du chaud et du froid, et ne pas être incommodé par les intempéries des saisons. Si c’est là l’unique cause de la nécessité de se vêtir, pourquoi les vêtements des femmes seraient-ils différents de ceux des hommes, puisque cette nécessité est commune aux deux sexes, comme celle de se nourrir ? Pourquoi la forme de leurs habits serait-elle différente, puisqu’ils en font le même usage ?

Les mêmes choses, en effet, doivent pouvoir satisfaire les mêmes besoins, et je ne crains pas de dire que le voile dont les femmes se couvrent les yeux ne serait pas inutile aux hommes ; car, quoique la concupiscence s’allume plus facilement dans les femmes à cause de la faiblesse qui leur est naturelle, il arrive cependant que les hommes, par la mauvaise éducation qu’on leur a donnée, sont souvent en cela plus femmes que les femmes mêmes. Exposés donc aux mêmes périls, pourquoi ne prendraient-ils pas les mêmes précautions ? S’il faut accorder quelque chose à cette faiblesse naturelle des femmes, permettons-leur l’usage d’étoffes plus douces et moins grossières ; mais défendons à leur vanité ces longs vêtements, travaillés avec une curieuse recherche, où brillent et s’entremêlent des fils légers d’or et de soie. Le ver à soie est d’abord un petit ver ; mais en peu de temps il devient chenille, et, par une troisième métamorphose, il se change en un papillon à qui les Grecs donnent le nom de nécudalos, et il compose un tissu à peu près semblable à la toile de l’araignée. Ces voiles de soie légers et transparents trahissent une faiblesse vaniteuse et un coupable désir de laisser voir aux yeux ce qu’on fait semblant de leur cacher. En effet, loin de couvrir le corps, ils en font ressortir les formes en s’y attachant et s’y imprimant mollement, de sorte qu’il n’y a guère de différence entre une femme ainsi habillée et une femme entièrement nue. Il faut aussi rejeter les couleurs écla-