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sommes l’herbe que la grâce de Dieu arrose, et qui renaît après qu’elle a été coupée, comme il sera prouvé à plusieurs au jour et au livre de la résurrection. Cette foule, mêlée et tumultueuse, qui s’abandonne à une joie trompeuse et passagère, dont la vie n’a point de durée, follement avide de vains ornements et d’une fausse gloire, et, pour mieux dire, de tout ce qui n’est point la vérité, est comparée au foin et en reçoit le nom, parce que, comme lui, elle n’est bonne qu’à être jetée au feu. Le Seigneur nous propose cette parabole : « Un homme était riche, vêtu de pourpre et de lin, et donnait tous les jours de magnifiques repas. » Voilà le foin. « Et un homme nommé Lazare mendiait, couché à sa porte et couvert d’ulcères, souhaitant de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche. » Voilà l’herbe. Or, il arriva que ce pauvre mourut, et qu’il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham ; et le riche mourut aussi, et il fut enseveli dans l’enfer, tandis que le pauvre revivait, pour ne plus mourir, dans le sein du Père.

Je loue et j’admire l’ancienne république de Lacédémone, qui permettait aux seules femmes débauchées les habits de pourpre et les ornements d’or ; car, par cette seule raison qu’elle les permettait aux courtisanes, elle empêchait les femmes chastes de les porter. Les archontes d’Athènes, au contraire, ville corrompue et efféminée, foulant aux pieds leur dignité d’hommes et de magistrats, n’avaient pas honte de porter des robes traînantes d’une étoffe précieuse, et de mêler des cigales d’or dans leur chevelure ; accusant ainsi, par l’insolence de leur faste, leur corruption et leurs vices. Une folle émulation s’empara bientôt des peuples de l’Ionie, qui imitèrent ces modes impures, et dont Homère peint la mollesse par l’épithète de peuples aux robes traînantes, qui lui sert à les désigner.

Ceux qui recherchent de frivoles parures, préférant ainsi l’apparence du beau à sa réalité, et s’adonnant à une coupable idolâtrie, la vérité les repousse loin d’elle avec horreur, parce qu’ils jugent de la nature de la beauté d’après la seule folie de leurs préjugés et de leurs passions. Leur vie ici-bas n’est autre chose qu’un profond et ignorant sommeil. Mais nous, que Dieu