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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

et quoi de plus beau que les lis et les roses ? Si donc Dieu revêt ainsi l’herbe des champs, qui aujourd’hui est, et qui demain sera jetée dans la fournaise, combien plutôt vous, hommes de peu de foi ! Ne vous inquiétez donc point, disant : Que mangerons-nous, ou que boirons-nous, ou de quoi nous vêtirons-nous ? Ces soins excessifs accusent un coupable amour des superfluités et des délices ; car il faut manger simplement pour la nécessité. Tout ce qui va au-delà est superflu. « Or, ce qui est superflu vient du diable, comme le dit l’Écriture. » Ce que l’Évangile ajoute décide nettement la question : « Ne demandez donc point ce que vous mangerez ou ce que vous boirez, et ne tâchez point de vous élever : l’arrogance, les délices, les superfluités transportent l’âme et l’entraînent hors des voies de la vérité. » Aussi l’écrivain sacré ajoute-t-il immédiatement : « Car les gens du monde cherchent toutes ces choses. » Quels sont donc ces gens du monde ? Ce sont tous ceux qui, sans mesure et sans raison, se plongent dans toutes les délices les plus infâmes de la bonne chère et de l’amour. Il ne faut se mettre en peine que de ce qui est précisément nécessaire pour apaiser la faim et la soif ; car votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Que s’il est dans l’homme de toujours désirer, au lieu de perdre cette noble faculté à désirer des choses impures, employons-la plutôt avec ardeur à la recherche de la vérité. « Cherchez donc d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné. »

Si donc Dieu condamne tout ce qu’il peut y avoir de superflu dans la manière de se vêtir et de se nourrir, de quel œil doit-il regarder l’amour immodéré des vaines parures, les couleurs d’étoffe vives et variées, les pierreries, les métaux précieux et artistement travaillés, et cet artifice des cheveux tressés et bouclés ? Que ne doit-il pas dire encore du fard dont on teint les yeux et les joues, des poils que le caprice arrache, et de toutes ces préparations et artifices trompeurs et criminels ? Ne peut-on pas dire de ceux qui les aiment et les recherchent ce que nous venons tout à l’heure de dire de l’herbe inutile des champs.

Le monde, en effet, est comme un champ cultivé dont nous