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DE LA TRADITION.

enseigné jusqu’alors. Plusieurs avaient été confesseurs de Jésus-Christ pendant la persécution de Dioclétien : ont-ils souffert qu’on changeât la doctrine pour laquelle ils s’étaient exposés au martyre ? Les évêques du quatrième siècle étaient leurs disciples ; et l’on juge aisément combien ceux-ci devaient être attachés aux leçons de maîtres aussi vénérables.

C’était donc, à proprement parler, le troisième siècle qui parlait, enseignait et écrivait au quatrième, et ainsi de suite. Il y a de la démence à mettre une ligne de séparation entre la tradition de ces deux siècles. L’enseignement de l’Église est un fleuve majestueux qui a coulé et qui coule sans interruption depuis les apôtres jusqu’à nous ; il a passé d’un siècle à l’autre sans laisser troubler ses eaux, et si quelques insensés ont entrepris d’y mettre obstacle, ou il les a entraînés dans son cours, ou il s’est détourné pour aller couler ailleurs.

Neuvième preuve. — Nos adversaires auraient voulu persuader que le respect pour la tradition est un préjugé propre et particulier à l’Église romaine ; que les sectes de Chrétiens orientaux, les Grecs schismatiques, les Cophtes et les Syriens jacobites ou eutychiens, et les Nestoriens ne reconnaissent point d’autre règle de foi que l’Écriture-Sainte. C’est une fausseté. On a fait voir que toutes ces sectes admettent les décrets des trois premiers conciles œcuméniques, et font profession de suivre la doctrine des Pères grecs des quatre premiers siècles ; qu’ils en ont traduit plusieurs ouvrages dans leurs langues. Les Nestoriens rejettent le concile d’Éphèse, parce qu’il les a condamnés ; et, sous ce prétexte que ce concile a établi un nouveau dogme, au lieu que Nestorius soutenait l’ancienne doctrine, ils ont le plus grand respect pour les livres de Théodore de Mopsueste, de Diodore de Tarse, et de Théodoret ;