Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/389

Cette page n’a pas encore été corrigée

maison et la ville où se commettent ces infamies. La poésie même profane, tonne hautement contre ces vices : « Ô ville impure et corrompue, dit-elle, ville souillée d’impudicité et de luxure ! » Elle n’a point assez de termes d’admiration pour ceux qui, se conservant purs au milieu de tant de désordres, n’ont jamais honteusement désiré les plaisirs du lit d’autrui ni enfermé des hommes dans leurs infâmes embrassements.

Plusieurs pensent que les plaisirs contre-nature sont les seuls qui soient des péchés ; d’autres, moins endurcis, avouent que toutes les impudicités sont effectivement des péchés, mais leurs passions les emportent, et les ténèbres servent de voile à leurs vices. Ils déshonorent la sainteté du mariage, et font eux-mêmes de leur femme une impudique courtisane, sourds à ces divines paroles : « L’homme qui sort de son lit, méprisant son âme, et disant : Qui me voit ? Les ténèbres m’environnent et les murailles me couvrent, et nul ne m’aperçoit ; qui craindrai-je ? le Très-Haut ne se souviendra pas de mes péchés. » Malheureux ! qui ne craint que les regards des hommes et s’imagine follement pouvoir échapper à ceux de Dieu ! Il ignore ce passage de l’Écriture : « Et cet homme n’a pas su que les yeux du Seigneur, plus lumineux que le soleil, pénètrent toutes les voies des mortels, et la profondeur des abîmes, et l’intime des cœurs et les lieux les plus cachés. » Le Pédagogue les menace encore par la bouche d’Isaïe, leur disant : « malheur à vous, qui voulez cacher vos projets dans la profondeur de vos cœurs ! vous marchez dans les ténèbres et vous dites : qui nous voit ? » En effet, quelqu’un d’entre eux évitera peut-être la lumière sensible du monde ; mais comment pourraient-ils éviter cette lumière intellectuelle qui pénètre tout ? Est-il possible, demande Héraclite, d’échapper aux rayons d’un astre qui ne se couche jamais ? N’espérons donc pas de lui échapper dans les ténèbres, car la lumière habite en nous, et les ténèbres ne l’ont point comprise. Une pensée honnête et chaste est comme un flambeau dans la nuit. Les pensées des hommes vertueux sont, dans le langage de l’Écriture, des lampes qui ne s’endorment point. S’efforcer de ca-