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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tre de contraire aux lois et aux commandements de Dieu. Platon, qui avait lu sans doute ce passage du texte sacré : « Ils sont devenus comme des chevaux qui courent et qui hennissent après les cavales, » compare les hommes qui s’abandonnent à cette insolente lubricité, et cette lubricité elle-même, à un cheval indompté, furieux et sans frein. Les anges qui entrèrent dans Sodome nous apprendront de quel genre de supplice elle est punie. Ceux qui voulurent les outrager furent dévorés avec leur ville par le feu du ciel, pour nous apprendre, par ce prodige, que le feu est le supplice des impudiques. Les châtiments affligés aux anciens pécheurs sont écrits, comme je l’ai déjà dit, pour notre instruction, afin qu’évitant les mêmes vices, nous évitions les mêmes peines.

Il faut regarder chaque garçon comme notre fils, et les femmes d’autrui comme nos propres filles. La lubricité et la gourmandise sont des passions violentes auxquelles il est difficile, mais honorable, de commander. Si, comme l’avouent les stoïques, la raison ne permet pas au sage de remuer même un doigt seulement, au hasard et sans motif, combien plus les véritables sages, qui sont les Chrétiens, ne doivent-ils pas s’efforcer de commander à ces parties du corps, que la nature a destinées à la génération ? On les a, je pense, appelées honteuses à cause qu’il s’en faut servir avec plus de pudeur que de toutes les autres.

La nature permet l’usage du mariage, comme des aliments, autant qu’il est utile, convenable et nécessaire ; elle permet de souhaiter d’avoir des enfants. Mais ceux qui n’y gardent point de mesure s’éloignent de ses sages intentions par l’abus même qu’ils en font, et ruinent leur santé par des plaisirs que leur excès rend criminels. Par-dessus tout, il est défendu d’user des hommes comme des femmes. C’est à ce crime que Moïse fait allusion, lorsqu’il dit : « qu’on ne doit point semer sur la pierre et sur les cailloux, parce que le grain n’y saurait germer et prendre racine. » Ailleurs encore, obéissant au Verbe, qui parle par sa bouche, il dit ouvertement : « Tu ne coucheras point avec un homme comme avec une femme, car c’est une