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animal, il nous défend l’amour des garçons. On dit de l’hyène qu’elle change annuellement de sexe, et de mâle devient femelle ; de là vient que la défense de sa chair équivaut à celle de l’adultère. Pour moi, je suis convaincu que le sage Moïse a eu en vue, par ces défenses, de nous interdire toute ressemblance avec ces animaux ; mais je ne crois point à la vérité de ces changements contre nature dont je me suis servi seulement comme d’une image symbolique.

La nature ne peut jamais être violentée à ce point. Ce qu’elle a fait, la passion ne peut le défaire. On corrompt l’usage des choses, on n’en détruit point l’essence. Plusieurs oiseaux changent de voix et de plumage suivant les saisons. Les plumes noires du merle deviennent jaunes, et son chant, qui était doux et harmonieux, se change en un son aigre et désagréable. Le plumage et la voix du rossignol éprouvent aussi des changements analogues ; mais on ne voit point que ces divers oiseaux changent de nature, ni que les mâles deviennent femelles. Leurs plumes, semblables à un vêtement nouveau, renaissent avec le printemps, et se teignent de couleurs brillantes, qui s’effacent bientôt après, et se flétrissent comme la fleur sous la rude influence de l’hiver. Leur voix, en même temps, s’affaiblit et s’éteint, parce que leur peau extérieure, resserrée par l’action du froid, comprime les artères de leur gosier, qui ne peut plus rendre qu’un son rauque et étouffé ; mais quand vient la belle saison, la douceur de leur voix renaît avec celle de l’air, car leurs artères se dilatent, et lui rouvrent le passage qu’elles lui avaient momentanément fermé. Leur chant, de faible et de languissant, redevient éclatant et harmonieux, et, se répandant au loin de tous côtés, il est l’hymne de la nature renaissant avec le printemps. Il ne faut donc pas croire que l’hyène change jamais de nature, comme on le dit. Le même animal n’a point à la fois le double appareil mâle et femelle de la génération. La nature, qui est toujours égale et constante dans ses voies, ne se prête point aux écarts de notre imagination, et c’est pour n’avoir point réfléchi avec quel soin et quel amour elle conserve les êtres dont elle