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DE LA TRADITION.

et des censures ; donc le fait contraire, avancé par les Protestants, est un rêve et une absurdité.

3° De tous les siècles, il n’en est aucun pendant lequel il ait pu moins arriver un changement dans la croyance qu’au quatrième. Dès que la paix eut été donnée à l’Église en 313, la communication devint plus libre et plus fréquente entre les différentes sociétés chrétiennes dispersées ; c’est alors qu’il fut plus aisé de savoir ce qui était enseigné dans ces diverses Églises ; c’est donc alors que la tradition universelle parut avec le plus d’éclat. Jamais aussi la foi chrétienne n’eut un plus grand nombre d’ennemis qu’à cette époque ; il y avait des Marcionites, des Manichéens, des Novatiens, des Donatistes, des Ariens de trois espèces, des Montanistes, etc., qui ne pardonnaient rien aux Catholiques en fait de dogmes, de culte, ni de discipline : était-ce là le moment d’introduire impunément quelque chose de nouveau ?

Il est d’ailleurs ridicule de croire qu’un dogme n’a commencé que quand il s’est trouvé des hérétiques pour le combattre. Mais il y a un fait singulier : jamais l’on n’a travaillé avec plus de zèle que dans le troisième et le quatrième siècles, à traduire les livres saints, à les mettre à la portée des fidèles, à les expliquer, et jamais le nombre des erreurs n’a été plus grand ; grâces aux Protestants, ce phénomène s’est renouvelé au seizième siècle.

4° Quand un siècle commence, il n’efface pas le souvenir du précédent ; le quatrième était composé d’abord d’une grande partie de la génération née dans le troisième. Il y avait parmi les évêques, comme parmi les fidèles, des vieillards qui en avaient vu écouler plus de la moitié, qui avaient assisté à plusieurs conciles, qui ne pouvaient ignorer ce qui avait été