Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/378

Cette page n’a pas encore été corrigée
314
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

leur maître revienne des noces, se tenant prêts à lui ouvrir dès qu’il frappera à la porte. Bienheureux sont ces serviteurs que leur maître trouvera veillant quand il viendra. »

Le sommeil est inutile et silencieux comme la mort. Levons-nous donc souvent de notre couche durant la nuit pour louer Dieu. Bienheureux ceux qui veillent en lui et s’assimilent ainsi aux anges que nous appelons vigilants ; c’est-à-dire qui ne dorment point ! Celui qui dort na pas plus de prix que celui qui ne vit point. Mais le vrai Chrétien veille dans les ténèbres et le sommeil même, qui n’ont point de pouvoir sur lui ; il veille dans le Dieu qui l’éclaire ; il est le seul qui vive d’une véritable vie. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. « Heureux ceux qui gardent mes voies ! heureux l’homme qui m’écoute, qui passe les jours à l’entrée de ma maison, et qui veille au seuil de ma porte ! Ne nous laissons donc point aller au sommeil comme les autres, mais veillons et soyons sobres. Car ceux qui dorment, dorment durant la nuit ; et ceux qui s’enivrent, s’enivrent durant la nuit ; c’est-à-dire dans les ténèbres de l’ignorance. » Mais nous qui sommes enfants du jour ; « soyons sobres ; car vous êtes tous des enfants du jour. »

Nous ne sommes les enfants ni des ténèbres ni de la nuit, mais de celui qui, nous apprenant la véritable vie et prenant de nous le plus tendre soin, s’est exercé aux plus longues veilles, et ne s’est réservé de sommeil que ce qui en était indispensable à sa santé. On ne craint les veilles que parce qu’on ne s’exerce point à les soutenir. L’habitude les rend faciles. Il faut éviter de manger trop, afin que le poids des viandes ne nous accable pas dans le sommeil, comme un lourd fardeau accable un nageur dans les ondes. Cette sobriété nous arrachera du sommeil comme d’un abîme, et nous réveillera sans effort à l’heure fixée pour la veille. Le sommeil, semblable à la mort, nous prive de l’usage des sens, et, abaissant nos paupières, empêche la lumière de pénétrer jusqu’à nos yeux. Nous qui sommes les enfants de la vraie lumière, ne nous privons pas volontairement de la douceur de ses rayons, rentrons en nous-mêmes, éclairons l’homme intérieur, contemplons le so-