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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

sent de l’odeur des fleurs ; mais il ne faut jamais, et en aucun cas, qu’ils s’en tressent des couronnes. Le Créateur apprend lui-même à l’homme, qui est son ouvrage, tous les arts dont il a besoin pour subsister. « Le nécessaire pour la vie de l’homme, dit l’Écriture, c’est l’eau, le feu et le fer ; le sel, le lait et le pain de fleur de farine ; le miel et le raisin, l’huile et les vêtements. » Toutes ces choses sont des biens pour les saints, et elles se changent en maux pour les méchants et pour les pécheurs.


CHAPITRE IX.

Du sommeil, et de la manière de s’y livrer et d’en jouir.


Il faut maintenant appliquer au sommeil les règles de la modestie chrétienne dont nous sommes ici les précepteurs. Le repas fini, après avoir béni et loué Dieu de ce qu’il a bien voulu nous accorder, avec l’usage des choses nécessaires à la vie, la faveur de passer heureusement le jour, nous nous préparerons au sommeil par la raison, en ayant soin de bannir de nos lits une vaine magnificence : les oreillers, les couvertures enrichies d’or et de broderies, les manteaux précieux, les rideaux et les voiles étincelants d’une pourpre poétique, et mille autres inventions du luxe plus molles et voluptueuses que le sommeil même. Car, outre que cette volupté molle et excitante est aussi honteuse que blamable, il est nuisible à la santé de dormir dans une plume moelleuse où le corps, entraîné par son poids, s’enfonce tout entier, et pour ainsi dire, s’ensevelit. La vive chaleur de cette plume, qui s’élève comme une montagne de chaque côté du corps, arrête la digestion, brûle, et corrompt les aliments. Les lits fermes et tout unis, qui sont comme le gymnase naturel du sommeil, facilitent la digestion, la rendent plus saine et moins incommode, et nous donnent la force, la souplesse et l’agilité dont nous avons besoin pour les actions du lendemain. Il ne faut dormir ni dans des lits à pieds et à colonnes d’argent, qui trahissent un excessif orgueil ; ni dans