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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

bois ; de la joie, à cause du nom de couronne ; de la douleur, à cause de l’épine, car il est impossible d’approcher du Verbe sans répandre du sang. Ces bouquets de fleurs tressés en couronne se flétrissent, sèchent et meurent ; ainsi est morte la gloire de ceux qui ne crurent point au Seigneur. Ils l’élevèrent cependant et le couronnèrent, attestant ainsi la profondeur de leur aveuglement. Ils appelèrent, ils appellent encore outrage et infamie du Sauvent l’accomplissement d’une prophétie qui fait sa gloire et que la dureté de leur cœur les a empêchés de comprendre.

Ce peuple, qui s’était éloigné des voies du Seigneur, ne l’a point connu quand il s’est présenté à lui. Circoncis de corps, il ne l’était plus de raison et d’intelligence. Les ténèbres dont son orgueil l’avait entouré étaient si épaisses, que la lumière divine n’a pu les percer. Il a méconnu Dieu, il l’a nié, il a cessé d’être Israël. Il a persécuté Dieu, il a follement espéré de pouvoir outrager le Verbe ; et celui qu’il a crucifié comme malfaiteur, il l’a couronné comme roi. Mais, dans cet homme qu’ils ont méconnu, ils reconnaîtront le Seigneur, Dieu juste et clément : sa divinité, que leurs outrages se sont efforcés de lui faire manifester à leurs yeux par quelque signe éclatant, eux-mêmes l’ont manifestée et lui ont rendu témoignage en l’élevant en haut et en plaçant sur sa tête, au-dessus de tout nom humain, ce diadème de justice dont l’épine n’a pas cessé depuis sa mort et ne cessera jamais de fleurir. Cette couronne fait la perte des incrédules et le salut des fidèles qu’elle rassemble et qu’elle entoure comme d’un rempart. Elle est la brillante et l’éternelle parure de tous ceux qui ont cru à la glorification du Sauveur ; elle punit, elle blesse, elle ensanglante ceux qui l’ont niée. Elle atteste la bonté infinie de Jésus-Christ, qui a chargé sa tête du poids de nos crimes, souffrant ainsi les peines que nous devions souffrir. Car lorsqu’il nous eut délivrés des épines de nos péchés par celles de sa passion ; lorsqu’il eut vaincu le démon et anéanti sa puissance, il eut raison de s’écrier : « Ô mort, où est ton aiguillon ? »

Nous cueillons des raisins parmi les épines et des figues sur