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plus tard enfin, lorsque, après les triomphes de la Grèce sur la Perse et sur la Médie, les mœurs publiques se furent amollies et corrompues, on chargea leurs têtes de couronnes.

Ceux qui vivent selon le Verbe, c’est-à-dire selon la raison, doivent s’interdire ce fol usage et ne pas enchaîner leur raison dans son siége même, qui est le cerveau. La couronne, en effet, n’est pas seulement le symbole de cette joie licencieuse qui s’allume dans les festins, elle est encore consacrée au culte impur des idoles. Sophocle appelle le narcisse l’antique couronne des grands Dieux. Sapho couronne les muses de roses. Qu’avons-nous de commun avec les roses de ces divinités païennes ? Le lis est consacré à Junon, et le myrthe à Diane. Ainsi les fleurs qu’un Dieu bienfaisant avait créées pour l’usage des hommes, et dont ils pouvaient jouir, en lui en payant le prix par une juste reconnaissance, leur folie se les est ravies et les a transportées au ministère ingrat des démons. C’est donc un devoir de conscience de s’en abstenir. Ainsi employées, elles trahissent un amour oisif du repos et un lâche dégoût de tout mouvement. De là vient que les païens en couronnent les morts, attestant ainsi que les idoles, à qui ils rendent le même honneur, sont elles-mêmes des dieux morts. Ils ne peuvent sans ces couronnes célébrer les folles orgies de Bacchus, et il semble que cet ornement excite en eux une fureur plus ardente et plus insensée. Il ne faut donc ni communiquer avec les démons, ni couronner la vivante image de Dieu des mêmes fleurs dont on couronne des simulacres morts. On offre, il est vrai, une couronne d’amaranthe à celui qui se conduit bien ; mais la terre ne produit point cette fleur, c’est une fleur céleste que le ciel seul peut produire. Est-ce à nous d’ailleurs, qui savons que notre Seigneur a été couronné d’épines, est-ce à nous d’insulter aux souffrances adorables de sa passion, en nous couronnant de roses ? Ne serait-ce pas le comble de la déraison et de la folie ? La couronne d’épines du Seigneur était le symbole de notre ancienne stérilité, stérilité qu’il a fait cesser en nous unissant à l’Église, dont il est le chef. Elle est de plus le type de la foi : de la vie, à cause de la substance du