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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

sance de ses bienfaits. Mais ces choses, si douces à voir, sont dangereuses à toucher. Il ne s’en faut approcher qu’avec méfiance ; leur usage d’un jour laisse de longs regrets. Les fleurs refroidissent, la beauté brûle et enflamme quiconque les touche. Enfin des plaisirs qu’elles donnent, un seul est légitime, c’est celui de la vue ; les autres sont trompeurs et criminels. Suivons donc en ceci comme en tout, les instructions de l’Écriture, et que nos plaisirs sur la terre soient aussi purs, s’il est possible, que ceux qu’on goûte dans le paradis.

L’homme est le chef et l’ornement de la femme, le mariage est la couronne de l’homme. Les enfants qui naissent du mariage en sont comme les fleurs que le divin jardinier cueille dans des prairies vivantes. « Les enfants des enfants sont la couronne des vieillards, et les pères sont la gloire des enfants. » Jésus-Christ, qui est le père universel de la nature est le chef et la couronne de l’Église universelle ; les fleurs ont comme les plantes et les racines, des qualités qui leur sont propres. De ces qualités les unes sont utiles, les autres nuisibles ou dangereuses. Le lierre est rafraîchissant. Le noyer exhale une vapeur léthargique qui engourdit et qui endort. L’odeur trop forte du narcisse attaque les nerfs et les affaiblit ; l’odeur plus douce de la rose et de la violette calme et dissipe les pesanteurs du cerveau. Quant à nous, l’ivresse qui naît des parfums ne nous est pas moins défendue que celle que produit le vin. Le safran et le troëne procurent un doux sommeil. Un nombre infini d’autres fleurs réchauffent d’un parfum bienfaisant la froideur du cerveau et dissipent les vapeurs grossières qui s’y condensent. De là vient peut-être que le nom grec de la rose exprime la richesse de ses parfums, richesse prodigue qui l’épuise et la flétrit si vite.

Cet usage des couronnes était inconnu aux anciens Grecs. Nous ne le trouvons établi ni chez les amants de Pénélope ni chez les Phéaciens, peuple mou et efféminé. La première fois qu’on en ait distribué, c’est aux athlètes après le combat. D’abord on se contentait de les récompenser par de vifs applaudissements ; ensuite on leur offrit des branches et des feuilles vertes ;