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vions un secours contre les fatigues du travail. Les femmes dont le fol usage est de couvrir leurs cheveux de pommades et de les colorer quand ils sont blancs, les voient blanchir plus vite encore sous l’influence pernicieuse de ces aromates, qui dessèchent leur corps et le maigrissent. Il importe peu que ce soit le défaut de chaleur ou d’humidité qui produise cet effet, il n’en est pas moins réel. Comment donc pouvons-nous aimer des parfums qui absorbent l’humeur dont les cheveux se nourrissent, et qui les blanchissent, nous qui craignons tant de blanchir ? Comme les chiens de chasse découvrent à l’odeur les bêtes fauves qu’ils poursuivent, ainsi les parfums recherchés qu’exhalent les voluptueux les trahissent soudain et nous les font reconnaître. C’est le vin et la débauche qui ont introduit dans les festins ce criminel usage des couronnes. Pourquoi me couronner de fleurs au moment où le doux printemps en revêt toute la nature ? Dans ces prés brillants de rosée et parsemés de fleurs naissantes aux mille couleurs variées, n’est-il pas meilleur de se promener et d’en respirer, comme l’abeille, les suaves exhalaisons ? Pourquoi dépouiller les prairies de leur ornement et s’en faire dans sa maison une ridicule parure ? Pourquoi, dans les festins, charger sa tête de bouquets de roses, de lis, de violettes et de mille autres fleurs ou herbes brillantes ? Cette folie, indigne de tout homme sage, est encore nuisible à tous ceux à qui elle est commune. L’humidité des fleurs refroidit le cerveau, déjà trop froid par lui-même, comme le prouvent assez les divers remèdes que l’expérience des médecins emploie pour le réchauffer. Il est donc absurde et dangereux de le charger de ces couronnes humides qui le refroidissent encore. D’ailleurs ceux qui se couronnent de fleurs se privent ainsi des plaisirs qu’il est de leur nature de procurer à la vue et à l’odorat. Placées sur leur tête, au-dessus des organes de ces sens, comment verraient-ils leurs fraîches couleurs, comment pourraient-ils respirer les doux parfums qu’elles exhalent ? Il est dans la nature de la fleur, comme dans celle de la beauté, de charmer les regards des hommes ; de leur peindre la gloire du Créateur, et de leur faire chanter ses louanges dans la reconnais-