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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

che, les narines mêmes. Le voluptueux est entraîné par l’odeur pénétrante des parfums et des couronnes, comme l’est un taureau par des anneaux de fer et des cordes.

Cependant, puisque nous condamnons les plaisirs qui ne sont d’aucun usage pour l’utilité de la vie, il est important d’examiner si nous ne pouvons en retirer aucune de l’usage des parfums. Il en est, en effet, quelques-uns qui n’amollissent point, n’excitent point à l’impudicité et à la luxure ; et dont l’usage modéré n’est point incompatible avec l’amour de la tempérance. Ils fortifient le cerveau et l’estomac, ils assouplissent les nerfs, ils sont d’un utile secours contre diverses maladies ; c’est à cet effet qu’il les faut employer, pour ranimer les forces languissantes, combattre les fluxions, les refroidissements et les dégoûts. Une des manières d’en user les plus utiles à la santé, comme le dit quelque part un poëte comique, c’est d’en oindre les mains, qui en transmettent au cerveau l’odeur bienfaisante. On frictionne encore utilement, en divers cas, les jambes et les pieds des malades avec des herbes odoriférantes qui échauffent ou rafraîchissent, et dont l’influence salutaire attire vers les parties du corps les moins importantes les humeurs malignes qui embarrassent le cerveau. Mais il faut laisser les plaisirs inutiles aux voluptueux dont ils sont la honte, et qui s’en servent vainement comme d’un aiguillon pour réveiller leurs sens blasés. Il y a une grande différence entre la profusion des parfums et la simple onction : l’une n’appartient qu’aux efféminés, l’autre est souvent utile pour la santé. Le philosophe Aristippe, qui avait coutume de se parfumer, maudissait ces voluptueux qui, par l’abus qu’ils faisaient des bonnes odeurs, en avaient décrié l’usage. « Rends au médecin ce qui lui est dû. Le Très-Haut l’a créé ; car tout remède salutaire vient de Dieu. Le médecin préparera les breuvages. » Telles sont les paroles de l’Écriture, qui nous apprend ainsi que les parfums nous ont été donnés pour notre santé et non pour châtouiller voluptueusement les organes de nos sens. Il faut donc rejeter ce qu’ils ont de voluptueux, et choisir ce qu’ils ont d’utile ; car Dieu lui-même a fait naître les fruits qui produisent l’huile afin que nous y trou-