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DE LA TRADITION.

multitude de livres perdus il n’a jamais été fait mention des dogmes et des usages crus et pratiqués au quatrième siècle ? Une preuve positive qu’il en était parlé, c’est que les Pères de ce siècle, qui avaient ces écrits entre les mains, ont protesté qu’il ne leur était pas permis de s’écarter de ce qui avait été enseigné dans les trois siècles précédents. Contre ce témoignage universel et uniforme, quelle force peut avoir une preuve purement négative ?

2° Au quatrième siècle, il y avait des Églises établies non-seulement dans toutes les provinces de l’empire romain, mais hors des limites de cet empire, en Afrique, loin des côtes ; dans l’intérieur de l’Arabie, dans la Mésopotamie et dans la Perse, chez les Ibères et les Scythes de la petite Tartarie, chez les Goths et les Sarmates. Cela est prouvé par le témoignage des écrivains de ce siècle, et par les évêques de presque toutes ces contrées qui se trouvèrent au concile de Nicée l’an 325. Or, ces Églises avaient été fondées pendant les deux siècles précédents, et quelques-unes par les apôtres mêmes. A-t-il pu y avoir de la collusion entre les évêques dont les siéges étaient si éloignés les uns des autres, dont les mœurs et le langage étaient si différents ? Quel intérêt commun a pu les engager à recevoir des dogmes aussi opposés à ceux qui leur avaient été enseignés par leurs fondateurs ? On nous dira sans doute que cela s’est fait insensiblement et sans que l’on s’en soit aperçu. Mais, outre l’absurdité de ce sommeil général qui aurait régné d’un bout de l’univers à l’autre, un changement positif arrivé dans la doctrine, prêché publiquement, a dû être sensible, étonner les esprits, réveiller l’attention. Où a-t-il commencé, où en sont les témoins ? Le fait positif et certain est que toute innovation a fait du bruit, a excité des réclamations