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lestes et dont il ne dédaigne pas de faire usage, comme il le rappelle dans les chants du prophète roi : « C’est pourquoi, ô Dieu votre Dieu vous a sacré d’une onction de joie, au-dessus de tous ceux qui doivent y participer : la myrrhe, l’ambre et le sandal s’exhalent de vos vêtements. »

Il ne faut pas cependant que nous ayons pour les parfums la même horreur que les vautours ou les escarbots, dont on dit qu’un peu d’essence de rose les fait mourir. Les femmes peuvent en faire usage, pourvu que ce soit en petite quantité et qu’elles aient soin de choisir ceux dont l’odeur est la moins forte et la moins enivrante ; car les prodiguer sans mesure, c’est transporter aux vivants l’usage d’embaumer les morts. L’huile qui est nuisible aux abeilles et aux autres insectes est utile aux hommes ; elle excite leur courage, assouplit leurs membres et leur donne dans les jeux guerriers plus d’agilité et de force. Le parfum, au contraire, qui est une huile trop douce, les amollit et les énerve. Aussi, après avoir banni de nos tables les mets recherchés qui corrompent le goût, nous nous garderons bien de permettre l’usage d’aucun objet dont la vue ou l’odeur excite en nous des chatouillements voluptueux, de peur que l’intempérance que nous avons bannie ne rentre dans notre âme par ces sens, comme par une porte que nous lui aurons laissée ouverte. Si l’on objecte que le grand pontife, c’est-à-dire Jésus-Christ, offre perpétuellement à Dieu des parfums, je répondrai qu’il ne faut pas prendre à la lettre ces passages de l’Écriture ; ce n’est qu’un parfum spirituel, et la bonne odeur de la charité ou le sacrifice de son corps, qu’il immole sur les autels. Il suffit donc de l’huile, de l’huile simple et naturelle, pour entretenir la moiteur de la peau, relâcher la tension des nerfs et neutraliser les odeurs trop pénétrantes qui s’exhalent parfois du corps de l’homme. L’amour des parfums exquis est comme une nourriture donnée à l’oisiveté et à la mollesse, mollesse qui conduit à la débauche par une pente insensible. Si vous avez un penchant au vice, tout vous y porte et vous y entraîne ; c’est comme un réseau qui vous enlace de toutes parts ; tout, les repas, le sommeil, la parole, les yeux, les oreilles, la bou-