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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

cheresse. Ce parfum était ce qu’elle croyait posséder de plus précieux, et elle lui en faisait hommage ; elle faisait plus, elle lui essuyait les pieds avec ses cheveux, le plus bel ornement de son corps, et lui offrait, en abondantes libations, les larmes que le repentir lui arrachait. Aussi ses péchés lui furent-ils pardonnés et remis.

Je crois voir, dans ce récit de l’Évangile, comme une image symbolique de la doctrine et de la passion du Sauveur. Ses pieds, inondés de parfums, sont l’image de sa doctrine, de cette doctrine divine qui envahit la terre entière avec une gloire toujours croissante. « Leur langage a retenti jusqu’aux extrémités de la terre. » J’ajouterais même, si je ne craignais de paraître importun, que les pieds du Seigneur arrosés de parfums, ce sont les apôtres, et que ce parfum odoriférant était pour eux l’annonce prophétique des dons futurs de l’Esprit saint. N’est-il pas naturel, en effet, que les apôtres qui ont parcouru tout l’univers et prêché partout l’Évangile, soient appelés par allégorie les pieds du Seigneur ? « Adorons-le, dit le Psalmiste, dans l’endroit où ses pieds se sont arrêtés ; » ses pieds, c’est-à-dire les apôtres, qui ont annoncé son nom aux nations les plus reculées de la terre. Les larmes de la pécheresse repentante expriment le repentir et la conversion des gentils ; ses cheveux détachés, le détachement des vaines parures, les persécutions souffertes pour le Seigneur, avec une invincible persévérance, et le fol amour de la fausse gloire étouffé par la foi nouvelle. C’est encore une figure de la passion du fils de Dieu.

Jésus-Christ, dans un sens mystique, est une source d’huile par où sa miséricorde découle jusqu’à nous. Judas, qui le trahit, est une huile falsifiée dont les pieds du Seigneur furent oints un peu avant de quitter le monde ; car c’est la coutume d’oindre les morts. Les larmes nous représentent encore nous qui sommes pécheurs et qui, croyant en lui, en avons reçu le pardon et la rémission de nos péchés. Les cheveux épars sont l’image de la malheureuse Jérusalem, la ville ointe et sacrée, sur laquelle ont pleuré tant de prophétiques lamentations. Le