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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

injuste, n’écoutez point ses vagues accusations, ne soyez point son témoin dans ses calomnies, dans ses médisances, dans sa méchanceté.

Les personnes modestes doivent, il me semble, régler leur silence et leur voix ; il leur est permis de répondre et de parler chacune à leur tour. « Le silence est la vertu des femmes ; » mais les jeunes gens le peuvent rompre sans péril ; s’ils parlent bien, ils sont assez âgés. Vieillard, parle dans les festins, c’est un droit de ton âge, mais parle sans embarras et avec sagesse. Jeune homme, parle aussi, la sagesse te le permet ; mais attends d’être interrogé, et que tes réponses soient claires et concises. Crier au lieu de parler, ou parler si bas qu’on ne vous puisse entendre, ce sont les deux choses du monde les plus insensées : l’une est une marque d’insolence, l’autre d’abjection. Ne discutez point avec chaleur pour remporter la victoire dans une vaine dispute de mots. Nous devons éviter avec soin le tumulte et le trouble, c’est là ce que signifient ces paroles du Sauveur : « Que la paix soit avec vous. » Écoutez, avant de répondre, ne parlez point d’un ton mou et languissant, mais simple et modéré ; ne soyez ni diffus ni trop bref. La parole même a besoin qu’on lui impose de sages lois ; point de clameur ni d’importunes exclamations. Le sage Ulysse châtia l’insolence de Thersite, dont les vociférations privées de sens et de respect, troublaient toute l’armée. La fin d’un grand parleur est funeste. Tout est usé dans un mauvais plaisant, il n’y a d’entier que la langue qui subsiste pour faire le mal. De là viennent ces sages maximes de l’Écriture : « Là où il y a beaucoup de vieillards, parle peu et ne plaisante pas, » et pour nous prémunir contre l’inutilité des paroles, elle nous recommande de ne pas répéter les mêmes choses dans les prières que nous adressons à Dieu.

Les sifflements, les bruits que l’on fait avec les doigts pour appeler les domestiques, signes évidents d’un manque de raison, sont indignes de tout homme raisonnable. Il ne faut ni cracher fréquemment, et avec effort, ni se moucher dans un festin, de peur de manquer d’égards envers les convives et