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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tions avec les justes, qui ferment toute voie à l’erreur. Les poëtes profanes même nous disent que les discours mauvais corrompent les bonnes mœurs. « Le glorieux apôtre nous dit : Ayez horreur du mal, et attachez-vous constamment au bien ; car celui qui vit avec les saints sera sanctifié. » N’écoutez donc, ne dites, ne regardez rien de honteux, et surtout mettez tous vos soins à ne rien faire qui le soit, soit en découvrant ou regardant quelques parties secrètes du corps. Loin de se plaire à considérer la honteuse nudité du juste, la modestie filiale couvrit ce que l’ivresse avait découvert. Il ne faut pas se garder avec moins de soin et d’attention de ces paroles auxquelles doivent être fermées les oreilles de ceux qui ont cru en Jésus-Christ. Le Pédagogue nous les défend d’abord ; et cette défense est comme un rempart élevé longtemps d’avance contre les assauts de l’incontinence. C’est avec un art admirable qu’il combat et arrache nos vices. Cette défense : « Vous ne commettrez point d’adultère, » est précédée et fortifiée par celle-ci, « vous ne convoiterez point. » L’adultère, en effet, est le fruit de la convoitise, détestable racine de tout mal. Les mots et les choses obscènes nous sont également interdits, et avec raison, car celui qui se plaît aux mauvais discours désirera bientôt les choses mauvaises ; mais celui, au contraire, dont les paroles sont chastes, s’accoutume à repousser courageusement les assauts des passions.

Du reste, nous avons déjà longuement expliqué que la honte n’est point dans les noms des diverses parties du corps humain qui servent à l’acte du mariage ou de la génération. Elles exigent la pudeur et le respect, il est vrai, mais il n’y a point de honte réelle à les nommer et à s’en servir, l’action illégitime est la seule honteuse ; car il n’y a de honteux que le vice et les actions qu’il fait commettre. J’appelle donc avec raison discours honteux ceux qu’on se plaît à tenir sur des actions vicieuses, tels que l’adultère, l’amour des garçons ou sur tout autre sujet de même nature. Ce n’est pas que les paroles inutiles et oiseuses soient permises aux Chrétiens : « Le péché abonde dans la multitude des paroles. » Celui qui se tait est