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DE LA TRADITION.

vaient imaginer, écrire, enseigner impunément tout ce qui leur plaisait, ou des fourbes qui contredisaient dans leurs livres ce qu’ils prêchaient en public. C’est pousser trop loin la prévention et ta malignité.

1° C’étaient presque tous les pasteurs qui instruisaient un troupeau nombreux. Les premiers parlaient à des assemblées de fidèles qui avaient été enseignés par les apôtres mêmes ; leurs successeurs étaient environnés d’un clergé et d’hommes avancés en âge, qui avaient appris dès l’enfance la doctrine chrétienne, et dont plusieurs lisaient sans doute l’Écriture-Sainte. Croirons-nous que si leur évêque leur avait proposé une doctrine nouvelle, contraire à celle des apôtres, aucun d’eux n’aurait réclamé ? Nous verrons bientôt des preuves du contraire.

2° Plusieurs de ces Pères attaquaient des hérétiques et leur opposaient la tradition ; ceux-ci ne l’auraient-ils pas invoquée à leur tour, si elle avait été pour eux ? Ils ne l’ont pas fait. Par les écrits des Pères, nous voyons comment ces entêtés se défendaient : les uns faisaient profession de regarder les apôtres comme des ignorants ; les autres prétendaient que les Pères entendaient mal la doctrine des apôtres ; la plupart alléguaient l’Écriture-Sainte, la falsifiaient, et produisaient des livres apocryphes ; presque tous fondaient leurs erreurs sur des raisonnements philosophiques. Au milieu de ces ennemis, il n’était pas facile d’introduire de nouveaux dogmes jusqu’alors inconnus.

3° On sait ce qui est arrivé lorsqu’un évêque a eu cette témérité : quels qu’aient été ses talents, son crédit, son rang dans l’Église, il a été censuré et dépossédé. S’il y eut jamais des hommes capables de changer la croyance commune, ce