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vous assemblez comme vous faites, ce n’est plus manger la Cène du Seigneur. » On peut dire, il me semble, des gourmands, des impudiques et des ivrognes, que ce sont des monstres sans tête. Car leur raison ne siége plus dans leur cerveau ; mais dans leur ventre, où elle sert de jouet et d’esclave à la colère et à la cupidité. Semblables à cet Elpénor qui se cassa la jambe dans une chute qu’il fit étant ivre, leur cervelle, obscurcie par les fumées du vin, tombe dans le cœur et dans le foie ; c’est-à-dire dans la colère et dans la volupté avec plus de rapidité et de force que Vulcain, selon le dire des poëtes ne fut précipité par Jupiter du ciel sur la terre. La fatigue, la veille, la colère, les tourments de toute sorte habitent avec l’homme insatiable. L’Écriture sainte nous apprend l’indécence que commit Noé dans l’ivresse, afin de nous détourner, par un exemple frappant, de ce vice honteux. Elle nous apprend aussi, dans le même but, que ceux qui couvrirent sa honte furent bénis de Dieu. Enfin Salomon a renfermé en un seul mot tout ce qu’on peut dire sur cette matière : « Un peu de vin suffit à un homme sensé et il dormira d’un sommeil paisible. »


CHAPITRE III.

Il ne faut point rechercher la possession des meubles riches et précieux.


Les vases d’or, d’argent, ou de quelque pierre précieuse, ne sont bons qu’à charmer et séduire les yeux. Leur usage est inutile et vain. Les remplissez-vous d’une liqueur chaude, vous ne pouvez les toucher sans douleur ; d’une liqueur froide, la qualité du vase altère celle de la liqueur, et cette riche boisson devient dangereuse. Loin de nous donc les vases de Thériclée et d’Antigone, les coupes bachiques et ces mille sortes de riches bassins et cuvettes dont les usages et les noms sont devenus innombrables. La possession de l’or et de l’argent, soit publique soit particulière, excite l’envie dès qu’on en abuse. Il est rare de l’acquérir, difficile de la garder, plus