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débauché sera vêtu de haillons et deviendra à tous les yeux un objet de dégoût et de mépris. » Le pécheur, en effet, dont le corps est comme ouvert et déchiré par les passions, laisse voir à travers la honte de son âme, et les désirs impurs qui le dévorent et l’éloignent de plus en plus du salut. Voilà pourquoi le sage ajoute : À qui les désirs effrénés ? à qui l’emportement ? à qui les débats ? à qui les regrets inutiles ? Voyez le débauché déchirant lui-même son âme et son corps, mépriser la raison et s’abandonner à l’ivresse. Écoutez les nombreuses et terribles menaces que l’Esprit de Dieu leur adresse. Mais l’Écriture ajoute encore à ces menaces : « À qui les yeux livides ? » N’est-ce point à ceux qui passent leur vie dans les débauches du vin ? à ceux qui les aiment et les cherchent partout ? Ces yeux livides, signes de mort, témoignent qu’ils sont déjà morts devant Dieu. Car l’oubli des choses qui appartiennent à la véritable vie, cet oubli conduit à la mort. De là vient que le Pédagogue, plein de soin pour notre salut, nous crie avec force : « Ne buvez point jusqu’à l’ivresse. » Car comment prierez-vous, si vous êtes ivres ? « Votre bouche ne sait que des paroles impures, et vous ressemblez à un pilote couché et enseveli dans les profondes vagues de la mer. » Le vin, ajoute un poëte, est comme un feu qui dévore le cœur de l’homme ; il le trouble, il l’agite, il le soulève avec la même fureur que les vents soulèvent les flots irrités. Il tire ses secrets du fond de son âme, et les répand sur ses lèvres par une maligne influence à laquelle il ne peut résister. Vous le voyez, c’est un naufrage prochain et inévitable. Le cœur est accablé par l’ivresse ; la force du vin est comparée à celle de la mer. Le corps y demeure enseveli comme un navire dans les vagues. La profondeur de sa honte égale la profondeur des flots. Le pilote, c’est-à-dire l’âme, enveloppé et jeté çà et là par la violence de la tempête, se trouve plongé dans de profondes ténèbres qui l’aveuglent, et il s’éloigne de plus en plus du port de la vérité, jusqu’à ce que, donnant contre des rochers cachés sous les flots, il s’y brise, et se perde lui-même dans le gouffre des voluptés.