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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

soit l’excellence de son naturel, ne peut être sage et prudent, s’il a pris la funeste habitude de vivre ainsi dès sa jeunesse. Platon avait sans doute appris que le saint roi David, plaçant l’arche sainte dans le tabernacle au milieu de la ville, ordonna des réjouissances publiques et fit distribuer à chaque Israélite un pain cuit sous la cendre et une sorte de gâteau fait à la poële. Cette nourriture frugale suffit aux Israélites ; il faut aux Gentils du superflu. Les gourmands ne s’efforceront jamais d’acquérir la sagesse, parce que leur âme est comme ensevelie dans leur ventre, semblables à ce poisson que les Grecs appellent âne et qui seul entre tous les animaux, au rapport d’Aristote, a le cœur placé dans le ventre. Tels sont ces hommes dont leur ventre est l’unique Dieu ; qui font leur Dieu de leur ventre, qui mettent leur gloire dans ce qui devrait les couvrir de honte, qui n’ont de goût que pour les choses de la terre, et à qui l’apôtre prédit un sort funeste par ces paroles : « Hommes dont la fin sera la damnation. »


CHAPITRE II.

De la modération qu’on doit observer dans le boire.


« Usez d’un peu de vin à cause de votre estomac et de vos fréquentes maladies. » C’est ce que disait l’apôtre à son disciple Timothée, qui ne buvait que de l’eau. Ce conseil était convenable pour un homme dont le corps malade et languissant avait besoin de ce secours pour se rétablir. Mais l’apôtre engage son ami à user modérément de ce remède, dont l’excès lui serait nuisible et nécessiterait d’autres remèdes. La boisson naturelle à l’homme, la plus sobre et celle qui apaise le mieux la soif, c’est l’eau. C’est aussi de l’eau, unique et simple boisson de la tempérance, que le Seigneur fit jaillir du rocher pour désaltérer les Hébreux ; car leur vie errante exigeait surtout qu’ils fussent sobres. Plus tard, la sainte vigne produisit la