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ce qui déjà a été dit, que les légumes ne sont point la charité mais que la charité doit présider à nos repas et que la médiocrité qui est bonne en toutes choses, l’est surtout dans les apprêts d’un festin. Les extrêmes sont dangereux ; la vertu est dans un juste milieu, et en ceci le juste milieu est d’avoir le nécessaire. C’est tout ce qu’il faut pour satisfaire les besoins naturels.

La loi des Juifs leur faisait de la frugalité un de leurs principaux devoirs, et le Pédagogue, par l’organe de Moïse, leur défendit l’usage d’une infinité de choses, défenses dont les motifs spirituels restaient cachés, et dont les causes charnelles auxquelles ils crurent leur étaient ouvertes. Il leur défendit de manger des animaux dont la corne du pied n’est pas fendue, de ceux qui ne ruminent point ; et parmi les poissons, de tous ceux qui n’ont point d’écailles, de sorte que le nombre des animaux à manger est très-restreint. Il leur défendit encore non-seulement de manger, mais même de toucher les animaux morts, étouffés ou sacrifiés aux idoles. L’habitude des mets délicats étant presque impossible à déraciner, il s’efforce de l’empêcher de naître en contrariant sans relâche ce penchant inné et impétueux de l’homme vers le plaisir. La volupté est presque toujours pour l’homme une source de maux et de chagrins. L’excès des viandes abrutit le corps et hébète l’âme. On dit que les enfants dont on ne satisfait pas tout l’appétit sont ceux qui croissent et qui grandissent le mieux, parce que les esprits qui nourrissent le corps y pénètrent et s’y répandent plus facilement ; tandis que l’excès de la nourriture ferme les passages de la respiration. De là vient que Platon a tellement condamné une vie molle et luxurieuse, qu’il semble avoir fait jaillir dans ses écrits quelques étincelles de la vérité des saintes Écritures. Lorsque je fus venu, dit-il, en Italie, et à Syracuse, et que j’y eus pris connaissance de cette vie prétendue heureuse qu’on y passe dans des festins continuels, elle ne me plut nullement, comme de manger sans mesure deux fois par jour, ne jamais dormir seul la nuit, et mille autres excès de semblables sortes ; car aucun des hommes qui vivent sous le ciel, quelle que