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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

empressement. On peut manger indifféremment de tout ce qu’on sert, pourvu qu’on le fasse avec la réserve qui convient à un Chrétien ; honorant celui qui nous a conviés, tenant une conversation simple, chaste et prudente ; regardant comme indifférents les mets les plus exquis et les méprisant comme des choses d’une si courte durée. « Que celui qui mange ne méprise point celui qui n’ose manger de tout, et que celui qui ne mange pas ne condamne pas celui qui mange. » L’apôtre explique un peu plus loin la cause de ce précepte : « Celui qui mange, dit-il, le fait pour la gloire du Seigneur ; car il en rend grâces à Dieu ; et celui qui s’abstient de certaines viandes, s’en abstient en vue du Seigneur, et il rend grâces à Dieu. » De sorte qu’une juste nourriture est une action de grâces.

Or, celui qui rend à Dieu de perpétuelles actions de grâces ne s’abandonne point à de coupables voluptés. Si nous-mêmes nous prions aussi quelques personnes à manger à cause de leur vertu, il faut nous abstenir des mets exquis et recherchés, et leur donner le bon exemple que Jésus-Christ nous a donné. « C’est pourquoi, dit l’apôtre, si ce que je mange scandalise mon frère, je ne mangerai jamais aucune viande, pour ne pas scandaliser mon frère. » Une légère abstinence peut-être l’occasion du salut d’un homme. N’avons-nous pas la liberté de manger et de boire ? Nous savons qu’une idole n’est rien dans le monde, et qu’il n’y a qu’un seul Dieu, qui est le père, duquel procèdent toutes choses, et qu’il n’y a qu’un seul Seigneur, qui est Jésus-Christ ; mais notre science sera cause de la perte de ce frère encore faible pour qui Jésus-Christ est mort. Ceux qui blessent la conscience d’un frère encore faible pèchent contre le Christ. Voilà pourquoi l’apôtre nous ordonne de choisir même ceux de nos frères avec qui nous pouvons manger. « J’ai entendu, dit-il, que si notre frère est impudique, ou avare, ou idolâtre, ou médisant, ou ivrogne, ou ravisseur du bien d’autrui, vous ne mangiez pas même avec lui. La parole est un aliment, et la table des démons nous est défendue de crainte qu’elle ne nous souille. »