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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

logie grecque, cette dénomination marque le peu de soin qu’ils ont de leur salut.

Cette vie incessamment livrée aux impurs désirs de la gourmandise, cette recherche assidue des mets exquis, des ragoûts variés sous toutes les formes, n’est-elle pas ce qu’il peut y avoir au monde de plus vil et de plus abject ? Ces malheureux ne sont-ils pas réellement des fils de la terre, eux qui mangent comme s’ils n’étaient pas destinés à vivre ? Oui, ce sont des malheureux, l’Esprit saint le proclame en ces termes par la bouche d’Isaïe, enlevant d’abord à leurs festins, qui blessent la raison, le saint nom d’Agape qui en serait souillé, en ces termes, dis-je : Mais partout règnent la joie et les plaisirs ; on égorge des béliers et des génisses, on prodigue les vins et les viandes dans la salle des festins : mangeons, buvons, disent-ils, nous mourrons demain. Et le prophète ajoute aussitôt pour faire sentir l’énormité de leur péché, « oui, vous mourrez, a dit la voix du Seigneur à mes oreilles, et votre iniquité ne sera point pardonnée. » Le prophète ne parle point de la mort visible, mais de la mort éternelle, juste châtiment du péché.

Il faut faire ici mention des viandes immolées aux idoles, et dire en quelles circonstances on est obligé de s’en abstenir. Ces viandes, sur le sang desquelles volent les ombres et les esprits infernaux, me paraissent exécrables et abominables. « Je désire, dit l’apôtre, que vous n’ayez aucune société avec les démons. » La nourriture de ceux qui périssent et de ceux qui se sauvent ne doit point être la même. Il faut donc s’en abstenir, non point que nous les craignions, car il n’y a en elles aucune vertu, mais à cause de notre conscience, qui est sainte, à cause de la haine que nous portons aux démons, à qui elles sont dédiées ; à cause enfin de la conscience de ceux dont la faiblesse, craignant tout et jugeant mal des choses, est facilement alarmée et blessée. Le manger n’est pas ce qui nous rend agréables à Dieu, car ce n’est pas ce qui entre dans la bouche de l’homme mais ce qui en sort, qui souille l’homme. De sorte que l’usage de toutes sortes de viandes en soi est indifférent. Si nous man-