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N’exposez pas aux médisances des hommes le bien dont nous jouissons, car le royaume de Dieu ne consiste pas dans le boire et dans le manger, mais dans la justice, dans la paix, et dans la joie que donne le Saint-Esprit ; c’est-à-dire que la nourriture céleste n’est point passagère, mais éternelle. Celui qui en mangera possédera le royaume fie Dieu par la charité de la sainte Église qu’il aura méditée ici-bas. Sa charité est une vertu pure et digne de Dieu. Son office est de se communiquer. Sa charité est l’amour de la sagesse et l’observation de ses lois. Les joies charitables des festins terrestres accoutument d’avance aux joies du ciel. La cène donc n’est point la charité ; mais il faut qu’elle en dépende entièrement. « Que vos enfants, Seigneur, qui sont l’objet de votre complaisance, apprennent que l’homme ne se nourrit pas seulement de fruits, mais que votre parole conserve ceux qui croient en vous. » Le juste ne vit pas seulement de pain. Que notre table soit simple et frugale, propre à la veille, sans mélange et multitude de mets, digne des maximes du Sauveur. La charité est comme la nourrice et le lien de la société humaine ; elle a tout en abondance parce que le nécessaire lui suffit, et comme elle mesure ses aliments à ses besoins, elle a toujours de quoi donner aux autres. Sa santé est le fruit de sa sobriété. Mais ceux qui mangent ou qui boivent au-delà de leurs besoins se détruisent eux-mêmes : leur âme devient inerte et impuissante, leur corps faible et maladif. Cet amour qu’ils montrent pour les mets exquis, recherchés et voluptueux, les couvre de honte et de ridicule. Gourmands, lâches, gloutons, voraces et insatiables, telles sont, avec mille autres, les épithètes déshonorantes qu’ils s’attirent et qu’ils méritent. C’est encore avec raison qu’on flétrit du nom de mouches les flatteurs, les gladiateurs, les parasites, race impure et détestable. Ils vendent au plaisir de leur ventre, les uns leur raison, les autres leur amitié, et ceux-là leur vie ; serpents qui rampent sur la terre, monstres à face humaine, mais semblables, par leur infernale voracité, au démon, qui est leur père. Ceux qui les ont appelés prodigues leur ont donné un nom qui leur convient parfaitement, parce que, selon l’étymo-