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Sauveur. Méditons dès à présent les formes célestes de cette vie, dont l’imitation, nous élevant au rang des anges, nous environne et nous pénètre d’une joie incorruptible comme d’un parfum précieux ; cette vie, dis-je, heureux symbole de la bienheureuse immortalité. Suivons, sans nous lasser jamais, les traces de ce divin guide qui, connaissant seul le véritable bonheur, est aussi le seul qui puisse et qui veuille nous le procurer. Contentons-nous de peu pour vivre, méprisons tout bien superflu, rejetons loin de nous tout fardeau inutile, afin d’être toujours prêts à reconquérir notre céleste patrie. N’est-ce point là le sens de ces paroles : « Ne vous mettez pas en peine du lendemain ? » Tout disciple du Christ, content du sort dans lequel son divin maître l’a placé, doit se servir lui-même et trouver suffisante sa nourriture de chaque jour. Les doctrines du Christ n’inspirent point l’inquiétude et les soucis, mais la paix et la tranquillité. Les inquiétudes se trouvent dans le tumulte des richesses du monde ; les soucis cuisants, dans ses vaines délices. La paix et la charité, ravissantes sœurs, vivent loin du bruit des affaires dans une fraternelle union : le Verbe suffit seul à leur nourriture ; le Verbe seul apprend à l’homme les douceurs d’une vie simple et frugale. Seul il lui inspire le mépris du faste, l’amour d’une sage liberté, la bienveillance envers ses frères, l’ardent désir de la vertu. Il le conduit des plaines de la terre aux montagnes du ciel ; mais comme sa bonté envers nous est infatigable, il faut que notre obéissance envers lui et notre amour de la vertu le soient aussi. À cette condition nous deviendrons tels, que nous aurions pu espérer de devenir.

Comme les hommes, dans le monde, adoptent divers genres de vie qui indiquent et font reconnaître leur profession, la vie chrétienne a des marques particulières qui la distinguent entre toutes. C’est d’abord un amour ardent, généreux, désintéressé, pour la vertu, et une volonté forte de ne s’en écarter jamais. Les vrais Chrétiens ne font rien qui ne soit dicté par une saine et droite raison. Démarche, sommeil, nourriture, tout est réglé chez eux par la décence et l’honnêteté. Toute leur conduite,