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DE LA TRADITION.

pouvait suivre en sûreté la tradition des trois premiers siècles, parce qu’elle était encore toute fraîche, qu’elle n’avait pas encore eu le temps de se corrompre, et que la croyance chrétienne était réduite à peu de dogmes, mais qu’il n’en a pas été de même des siècles suivants, parce que cette tradition s’est altérée peu à peu et que les dogmes se sont multipliés. Ils disent, en second lieu, que les anciens parlaient de la tradition en fait d’usages et de pratiques, et non en fait de dogmes et de doctrine.

Rien n’est plus faux que cette réponse. 1° Il suffit de lire les passages que nous avons cités pour voir qu’il y est question de tradition en matière de doctrine, et non en matière d’usage. 2° Lorsque nous prouvons, par la pratique du second siècle, le culte rendu aux martyrs et à leurs reliques, la hiérarchie, la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie, etc., nos adversaires ne font pas plus de cas de cette tradition que de celle des siècles suivants. Ils disent même que la doctrine de Jésus-Christ a commencé à se corrompre immédiatement après la mort des apôtres. Ils placent dans ce même temps les causes des prétendues erreurs qu’ils attribuent aux Pères de l’Église, savoir, leur ignorance, leur défaut de critique, la confiance excessive qu’ils ont eue à la version des Septante, trop de complaisance pour les juifs et pour les païens, afin de les attirer à la foi, trop d’attachement à la philosophie païenne, etc. 3° Il est faux que dans ces premiers temps la croyance chrétienne ait été réduite à peu de dogmes, cette croyance n’a jamais augmenté ni diminué ; nous prouverons que non-seulement il ne s’y est introduit aucun nouvel article, mais qu’il a été impossible d’y en introduire. 4° Nous avons déjà fait voir, qu’en supposant que la tradition