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Voyez la cause de ces menaces : ils ont oublié ses bienfaits et les miracles qu’il a manifestés. Quand il les frappait, alors ils le cherchaient, ils revenaient à lui, ils l’imploraient avec ardeur, ils se souvenaient que le Seigneur était leur force, et le Très-Haut leur appui. Ainsi la crainte seule les convertissait, et ils méprisaient sa bonté. On méprise la bonté parce qu’elle est toujours bienfaisante ; on respecte la bonté unie au pouvoir et à la justice. Il y a deux espèces de crainte. L’une, qui est mêlée de respect, c’est celle que les sujets ont de leurs princes et nous de Dieu ; celle que les fils sages et vertueux éprouvent devant leurs parents : « Un cheval indompté devient intraitable, et l’enfant abandonné à lui-même devient téméraire. » L’autre espèce de crainte est mêlée de haine ; c’est celle que les esclaves ont de leurs maîtres ; celle que les Hébreux avaient du Seigneur, qu’ils regardaient comme leur maître bien plus que comme leur père.

Les respects volontaires et spontanés ont bien plus de prix devant le Seigneur que les hommages contraints et forcés. Dieu est miséricordieux, il aura pitié des pécheurs ; il les guérira, et ne les perdra point ; il retiendra sa colère, il n’allumera point toute son indignation. Vous le voyez, la justice du Fils brille dans ses reproches ; la bonté du Père, dans ses miséricordes. David, ou plutôt l’Esprit saint qui parle par sa bouche, réunit ainsi ces deux vertus dans un seul et même Dieu : « La justice et le jugement sont le fondement de votre trône ; la miséricorde et la vérité marchent devant votre face ». Le prophète avoue qu’il appartient au même pouvoir de juger et de faire du bien. Ce double pouvoir constitue la Divinité : il n’est pas plus possible de le diviser que de la diviser elle-même. Direz-vous au miroir qui vous montre votre laideur que c’est lui qui la cause ? Accuserez-vous le médecin qui vous annonce une maladie de l’avoir fait naître ? Non sans doute. Ne regardez donc pas comme votre ennemi celui qui vous reproche vos crimes ; car il le fait pour vous les faire haïr et pour vous empêcher d’en commettre de nouveaux. Dieu est bon par lui-même et juste à cause de nous. Sa justice naît de sa bonté. Il