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âme ne se vengera-t-elle pas de cette nation ? » Il joint partout aux reproches un motif de crainte, parce que la crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse. « Ne les visiterai-je point, dit-il encore, par la bouche d’Osée ; eux qui se sont mêlés à d’impudiques courtisanes et aux sacrifices des initiés, eux qui, comprenant toute l’horreur de leurs crimes n’ont pas laissé de les commettre ? » Leur crime est bien plus grand, puisqu’ils le connaissaient et qu’ils l’ont commis volontairement et avec réflexion. L’intelligence est l’œil de l’âme. Le nom d’Israël, donné au peuple choisi, signifie qui voit Dieu, c’est-à-dire qui le connaît. La plainte est un blâme adressé à la négligence et au mépris. Le Pédagogue l’emploie dans ce passage d’Isaïe : « Cieux, écoutez ; terre, prête l’oreille, le Seigneur a parlé. J’ai nourri des enfants, je les ai élevés, et ils se sont révoltés contre moi. Le taureau connaît son maître ; l’âne, son étable ; Israël m’a méconnu. » N’est-ce pas une indignité que celui qui a connu Dieu ne connaisse pas son maître ? que le bœuf et l’âne, qui sont des animaux pesants et stupides, connaissent la main qui les nourrit et qu’Israël ne la connaisse point ? Après plusieurs plaintes semblables, il ajoute, par la bouche de Jérémie : « Et ils m’ont abandonné, dit le Seigneur. » Le blâme se change ensuite en une accusation véhémente. C’est de ce remède que se sert le Pédagogue dans ce passage d’Isaïe : « Malheur aux enfants déserteurs ! Vous ne m’avez pas appelé dans vos conseils, vos traités n’ont pas été scellés de mon esprit. » Il se sert de la crainte pour resserrer les cœurs, de la menace pour les ouvrir. C’est ainsi qu’on serre fortement les laines qu’on veut teindre, afin que la couleur les pénètre mieux. Lorsque la foi s’affaiblit et semble prête à s’éteindre, il jette au milieu des pécheurs l’horrible image de leurs péchés. « Vous avez, leur dit-il, dans Isaïe, vous avez abandonné le Seigneur et excité l’indignation du Saint d’Israël. » « Leur crime, dit Jérémie, a rempli le ciel de stupeur et frappé la terre d’épouvante. Mon peuple a fait deux maux : il m’a abandonné, moi, source d’eau vive, pour se creuser des citernes, fosses entr’ouvertes,