Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/304

Cette page n’a pas encore été corrigée
240
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tice. Sa justice est toute à notre intérêt et notre avantage. Chacun de nous choisit le supplice lorsqu’il choisit le péché ; la faute de ce choix nous appartient et ne peut être imputée à Dieu. Que si notre injustice fait paraître davantage la justice de Dieu, que dirons-nous ? « Dieu, pour parler selon l’homme, n’est-il pas injuste de nous punir ? Non, sans doute ; car si cela était, comment serait-il le juge du monde ? Écoutez-le quand il menace : Si j’aiguise mon épée comme la foudre, et si mon bras s’arme du jugement, je me vengerai de mes ennemis et je leur paierai leur salaire. J’enivrerai mes flèches de leur sang, et mon épée dévorera leur chair et s’abreuvera du sang des tués. » Ceux donc qui ne haïssent ni le Verbe ni la vérité, ceux qui ne haïssent point leur propre salut, n’auront point de part à ces cruelles vengeances. Pourquoi Dieu les traiterait-il en ennemis ? « La crainte du Seigneur est la couronne de la sagesse. » Le Verbe nous rend raison de sa conduite dans ce passage du prophète Amos : « Je vous ai détruits comme autrefois le Seigneur avait détruit Sodome et Gomorrhe ; vous avez été comme un tison arraché à l’incendie, et vous n’êtes pas revenus à moi, a dit le Seigneur. » Voyez comme le Seigneur cherche partout le repentir ; comme ses intentions bienveillantes brillent à travers ses menaces : « Je détournerai ma face de dessus eux, et je leur montrerai ce qui est en eux. Là, en effet, où regarde Dieu, là est la paix et la vertu. » Là où il cesse de regarder, pénètrent le vice et le désordre ; la malignité humaine, contenue et étouffée par sa présence, reparaît dès qu’il se retire. « Considérez donc, dit l’apôtre, la bonté et la sévérité de Dieu ; sa sévérité envers ceux qui sont tombés, et sa bonté envers vous, si toutefois vous persévérez dans l’état où sa bonté vous a mis ; autrement vous serez aussi retranché. » Celui qui est bon de sa nature, hait naturellement le vice et se plaît à châtier ceux qui s’y abandonnent ; car le châtiment leur est bon et utile. La vengeance divine est une punition du crime commis, punition avantageuse au coupable. Comment, sans cela, la vengeance plairait-elle à Dieu, lui qui nous ordonne de prier pour