Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/302

Cette page n’a pas encore été corrigée
238
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

rurgie coupent les chairs malades de notre corps ; elles nous ramènent ainsi à la sainteté qui est notre état naturel, et nous conduisent au salut. Un chef d’armée qui punit les crimes de ses subordonnés, tantôt par l’amende, tantôt par la prison, quelquefois du dernier supplice, agit ainsi pour assurer son empire dans l’esprit des autres par la crainte des mêmes châtiments. Il en est de même du Verbe, ce maître de tout l’univers ; il s’efforce de ramener à lui, par des exemples menaçants, ceux que leurs passions en éloignent ; il n’oublie rien pour les ramener à l’obéissance, pour les délivrer de l’esclavage et de l’erreur, pour leur faire vaincre leur ennemi et les faire entrer dans le séjour paisible de l’éternelle paix. Comme il persuade, exhorte et console, il loue, il blâme, il reproche. N’est-ce pas un admirable artifice, et peut-on dire que ces reproches qui sont une marque de bienveillance en soient, au contraire, une de haine ? sans doute nos amis et nos ennemis nous reprochent également nos fautes, mais ceux-ci le font par raillerie et ceux-là par bienveillance. Dieu donc ne hait point les hommes parce qu’il les menace, puisque, pouvant justement les perdre, il est mort pour les sauver. Il se sert de la menace comme d’un fouet pour nous réveiller. Au moment de punir il s’arrête, il exhorte encore. Ceux que la louange n’émeut point, il les blâme ; ceux que le blâme laisse insensibles, il s’efforce, par la menace, de les conduire à la vérité. « Il réveille d’un sommeil profond et semblable à la mort. » Il exprime d’une manière allégorique ses soins innombrables pour nous, lorsqu’il dit : « Je suis la vraie vigne, et mon père est le vigneron ; il retranchera toutes les branches qui ne portent point de fruit en moi, et il émondera toutes celles qui portent du fruit, afin qu’elles en portent davantage. » Toute vigne qui n’est point taillée devient sauvage et cesse de produire. Il en est de même de l’homme, et comme le vigneron retranche avec soin les rameaux inutiles de la vigne, ainsi le Verbe retranche de notre âme les passions mauvaises qui la corrompent. Lorsqu’il reprend ceux qui pèchent, c’est leur salut qu’il considère ; il les reprend d’une manière conforme à leur esprit et à leurs