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ne soit pas et être la cause qui la fait exister. Son aversion seule suffit pour qu’elle ne soit pas. Or, il n’est rien que Dieu n’ait créé, il n’est donc rien que Dieu haïsse. Ce que je dis de Dieu, je le dis du Verbe ; car le Verbe et Dieu ne font qu’un. Lui-même l’a dit : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. » Dieu ne hait aucune de ses créatures : il les aime donc toutes, et principalement l’homme, la plus noble qui soit sortie de ses mains, la seule qui soit capable de le connaître, de l’aimer et de le servir. L’homme est donc l’objet de l’amour de Dieu, et par conséquent de celui du Verbe. Celui qui aime, s’efforce d’être utile à l’objet aimé. Ce qui est utile est préférable à ce qui ne l’est pas. Rien n’est préférable à ce qui est bon ; ce qui est bon est donc utile. Dieu est bon, Dieu donc est utile et sa bonté, qui se communique à nous naturellement, nous est utile en toutes choses. Dieu ne nous est pas seulement utile, il prend encore soin de nous ; il ne prend pas seulement soin de nous, il nous sert avec la plus tendre sollicitude. Cette tendre sollicitude prouve qu’il nous secourt volontairement et avec joie ; mais l’envoi qu’il fait du Verbe le prouve encore mieux, du Verbe qui a pour les hommes la même bienveillance que le Père. Ni Dieu n’est bon ni la justice bonne, précisément pour quelque vertu qui soit en lui ou en elle : Dieu est appelé bon parce qu’il est la bonté même ; la justice est bonne parce que sa nature est de l’être. Elle n’est point agréable, elle est utile ; car elle n’accorde rien à la faveur et donne tout au mérite. Mais, disent nos adversaires, si Dieu est bon et aime les hommes, d’où vient qu’il s’irrite contre eux et les punit ? Expliquons ceci en aussi peu de mots que nous le pourrons. Cette explication ne sera pas d’un faible secours aux enfants. Les passions cèdent souvent à la rigueur et à la sévérité des préceptes, elles meurent devant la crainte des supplices. Les réprimandes sont à l’âme ce que la chirurgie est au corps ; elles guérissent nos passions les plus invétérées ; elles purifient notre âme des souillures d’une vie impudique et licencieuse ; elles coupent les chairs de l’orgueil comme les instruments de chi-