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DE LA TRADITION.

que l’instruction divine ne constate point dans la superficie, mais dans la moëlle, et qu’elle paraît souvent contraire à l’évidence. Il le répète : « Il faut combattre, dit-il, par le sens des Écritures, sous la direction d’une interprétation sûre. Aucune parole de Dieu n’est assez étendue, ni assez exempte d’embarras, pour en soutenir les mots, et non ce qu’ils signifient. » Après avoir cité ces paroles : « Au commencement Dieu a fait le ciel et la terre, » j’adore, dit-il, la plénitude de l’Écriture, qui me montre l’ouvrier et ce qu’il a fait. Je n’y ai vu nulle part qu’il a tout fait d’une matière préexistante. Qu’Hermogène me fasse voir que cela est écrit ; s’il ne l’est pas, qu’il craigne cette menace : Malheur à ceux qui ajoutent ou qui retranchent. » Il est évident que ce père disputait contre des hérétiques, dont l’un niait la création, l’autre la résurrection de la chair, et qui apposaient à ces deux dogmes les raisonnements et l’autorité des philosophes païens. Tertullien veut d’abord qu’ils renoncent à ces principes du paganisme, et qu’ils prouvent leur sentiment par l’Écriture ; mais pour en tirer la moëlle, et pour en prendre le vrai sens, il veut que l’on soit dirigé par une interprétation sûre. Où la trouver, sinon dans l’Église, ou dans la tradition ? Il n’y a ni obscurité, ni contradiction dans les principes de ce père.

Clément d’Alexandrie reproche aux hérétiques les mêmes abus de l’Écriture-Sainte que Tertullien. Il atteste que les maîtres par lesquels il avait été instruit gardaient fidèlement la doctrine reçue des apôtres par tradition, et il la met par écrit, afin d’en conserver le souvenir. Pour savoir si une doctrine est vraie ou fausse, catholique ou hérétique, il veut que l’on en juge non-seulement par l’Écriture, mais par la