Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/291

Cette page n’a pas encore été corrigée

faut savoir que le pain, coupé par petits morceaux et jeté dans du vin trempé, attire le vin à lui et laisse l’eau. Ainsi la chair du Seigneur, qui est le pain des cieux, attire le sang ; c’est-à-dire qu’elle nourrit pour l’incorruptibilité ceux qui aspirent au ciel, et qu’elle abandonne à la corruption les passions charnelles. On représente le Verbe sous plusieurs allégories. On l’appelle chair, pain, sang, lait, tout ce qui nourrit et désaltère, parce que le Seigneur se donne à nous qui croyons en lui, sous toutes ces formes, pour nous faire jouir de lui. Qu’on ne me blâme donc point de donner le nom de lait au sang de notre Seigneur, puisque l’Écriture lui donne aussi le nom de vin : « Celui qui lave sa robe dans le vin et son manteau dans le sang de la vigne. » L’Écriture dit qu’elle aimera dans son esprit le corps du Verbe, comme elle nourrira dans son esprit ceux qui ont faim du Verbe. Que le sang fait le Verbe ou la parole, cela est prouvé par le sang d’Abel, qui crie vers Dieu. Le sang n’élèverait point la voix, si le sang n’était pas le Verbe. L’ancien juste est l’image et le type du nouveau juste ; l’ancien sang qui crie vengeance, crie vengeance pour le nouveau. Le sang qui est le Verbe, interpelle Dieu, pour indiquer les souffrances futures du Verbe.

Mais la chair et le sang qui est en elle sont arrosés de lait, en retour de ce qu’ils le produisent, et lui doivent une nouvelle reproduction. Car la formation de l’enfant, dans le sein de sa mère, a lieu par suite du mélange de la semence de l’homme avec le sang de la femme, après la purification mensuelle. Cette semence a la faculté de réunir le sang en globules autour d’elle, comme la présure fait coaguler le lait, et forme enfin une substance, qui devient le corps de l’enfant, ni trop froide, ni trop ardente ; une nature bien tempérée est généralement productive ; les tempéraments dont les qualités sont extrêmes, sont une cause de stérilité. C’est ainsi que le grain pourrit dans une terre trop délayée par les eaux, et qu’il se flétrit dans une terre excessivement sèche. Au contraire, une terre où les sucs abondent, ni trop humide, ni trop ferme, conserve le grain et le fait pousser. Quelques naturalistes établissent