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DE LA TRADITION.

Irénée leur dit : « Lisez exactement l’Évangile que les apôtres nous ont donné ; lisez ensuite les prophéties, vous trouverez que toutes les actions, toute la doctrine, toutes les souffrances de notre Seigneur y sont prédites. » S’ensuit-il de là que, dans toute question de doctrine, il suffit, comme dans celle-là, de confronter les évangélistes avec les prophètes ? Saint Irénée veut que l’on s’en tienne à la tradition.

Au troisième siècle, l’on n’avait pas changé de principes. Tertullien ne voulait pas que l’on admît les hérétiques à disputer par l’Écriture-Sainte ; il soutient que c’est une complaisance inutile et déplacée ; parce que l’Écriture-Sainte n’a pas été donnée aux hérétiques, mais à l’Église, et pour elle seule, parce qu’ils en rejetaient ce qui leur déplaisait, parce qu’ils en mutilaient ou altéraient les passages, et parce qu’ils en détournaient le sens. « L’ordre exige, dit-il, que l’on s’informe de qui, par qui, quand, et à qui a été donnée la doctrine qui nous rend Chrétiens ; où sera la vraie, là se trouvera aussi la vérité des Écritures, des explications et de toutes les traditions chrétiennes. » Ainsi ce père veut que l’on établisse par la tradition, non-seulement l’authenticité et l’intégrité de L’Écriture, mais encore le sens et les explications (ch. XXXII et XXXVI). Il renvoie les hérétiques à la tradition des Églises apostoliques ; il soutient que celles qui se forment tous les jours ne sont pas moins apostoliques que les plus anciennes, parce qu’elles tiennent la même doctrine, et qu’elles sont en communion, les unes avec les autres.

Cela n’a pas empêché nos adversaires de nous opposer Tertullien ; il veut que l’on ôte aux hérétiques les sentiments païens, qu’ils prouvent les leurs par les Écritures seules ; alors, dit-il, ils ne pourront plus se soutenir. Mais il ajoute