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que le lait n’est point un aliment solide ? il est facile de leur prouver qu’ils se trompent et qu’ils n’ont pas bien étudié les opérations mystérieuses de la nature. Lorsque l’hiver resserre les pores du corps, et ne laisse à la chaleur intérieure aucune issue pour s’exhaler, les aliments bien digérés portent une grande abondance de sang dans les veines, d’autant plus que le corps ne perd rien par la transpiration. De vient que les nourrices ont plus de lait en cette saison qu’en toute autre ; car nous avons prouvé un peu plus haut que le sang se change en lait dans les femmes enceintes, sans que ce changement altère en rien sa substance. Il en est de même de la chevelure des vieillards, qui devient blanche, de blonde qu’elle était auparavant. Pendant l’été, au contraire, les pores étant plus ouverts, cette circonstance est cause que la nourriture se digère plus rapidement ; aussi le lait est moins abondant, et le sang pareillement, parce que la nourriture n’y contribue pas tout entière.

Si les aliments préparés par la chaleur naturelle se changent en sang, et si le sang se convertit en lait, on ne peut nier que le sang ne soit la matière première du lait, comme le vin vient de la vigne. À peine sommes-nous sortis du sein de nos mères, qu’on nous donne du lait, symbole de la nourriture dont le Seigneur fait vivre nos âmes ; à peine sommes-nous régénérés, que nous sommes bercés de l’espérance du repos dans la céleste Jérusalem qu’on nous annonce, où il doit pleuvoir du miel et du lait, suivant l’Écriture : marquant ainsi par un aliment matériel la nourriture spirituelle qui nous est promise. « Car le corps ne s’y nourrira point d’aliment, » comme dit l’apôtre. Mais la nourriture dont il est parlé ici sous l’emblême du lait, nourrit les habitants de la cité céleste et ceux qui conduisent les chars des anges, et elle a pour objet de nous ouvrir les portes du ciel. Comme le Verbe est une source d’où jaillit la vie, et qu’il est appelé un fleuve d’huile, c’est pour continuer cette allégorie que saint Paul lui donne avec raison le nom de lait, et qu’il ajoute : « Je vous ai donné à boire. » Car le Verbe se boit ; le Verbe, nourriture de vérité. La bois-