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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

cieux. Ô saint enfantement ! ô soins admirables ! le Verbe est tout pour l’enfant à qui il a donné la naissance. Il est son père et sa mère, son Pédagogue et sa nourrice. « Mangez ma chair, nous dit-il, et buvez mon sang. » C’est la nourriture exquise que le Seigneur nous donne : il offre sa chair, il verse son sang, afin que ses enfants ne manquent de rien pour se nourrir et pour croître.

Ô mystère qui surpasse la raison. Il nous ordonne de dépouiller l’homme charnel et corrompu ; de nous abstenir des anciens aliments, afin que, participant à la nouvelle nourriture qu’il nous a préparée, et le recevant lui-même dans notre sein, lui notre Père et notre Sauveur, nous puissions par sa présence purifier notre âme des passions ! Désirez-vous de ces mystères une explication moins savante et plus commune ? Écoutez ce que je vais vous dire. Le Saint-Esprit, qui a formé la chair du Sauveur, est le symbole de la chair ; le sang nous désigne le Verbe. Le Seigneur, qui est à la fois l’esprit et le Verbe, car le Verbe s’est répandu dans la vie, comme un sang riche et fécond, le Seigneur est la réunion du Verbe et de l’Esprit. Le Seigneur, qui est à la fois l’Esprit et le Verbe, est la nourriture des enfants. Cet aliment est notre Seigneur Jésus-Christ ; cet aliment est le Verbe de Dieu ; cet aliment est l’Esprit fait chair, la chair céleste sanctifiée, le lait du Père, la seule nourriture des enfants ; le Verbe qui est notre ami et notre nourricier, dont le sang a coulé pour nous, le Sauveur de l’humanité, par qui nous croyons en Dieu, par qui nous courons nous désaltérer à la mamelle du Père, dont le lait nous fait oublier nos peines. C’est lui seul qui dispense à ses enfants le lait de l’amour. Heureux, véritablement heureux ceux qu’il abreuve et nourrit de cette mystérieuse boisson !

Voilà pourquoi l’apôtre saint Pierre disait : « Dépouillez-vous donc de toute sorte de malice, de tromperie, de dissimulation, d’envie et de médisance ; et comme des enfants nouvellement nés, désirez le lait spirituel, afin qu’il vous fasse croître pour le salut, si toutefois vous avez goûté combien le Seigneur est doux. » Nos adversaires prétendent-ils