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vie, blanche comme le Christ. Nous avons déjà prouvé que le sang du Verbe possède toutes les propriétés du lait. Le Christ nous offre son sang de la même manière que le lait est fourni à l’enfant après l’accouchement. Les mamelles, qui se tenaient droites et fermes, il semble qu’elles soient instruites à lui présenter une nourriture facile à prendre, nourriture élaborée précédemment par la nature. C’est ainsi que le fidèle puise le lait du salut. Les mamelles ne sont pas pleines d’un lait disposé d’avance, comme les sources qui contiennent une onde pure : le lait s’y élabore à mesure que les aliments changent de nature, et il en jaillit. C’est ainsi que Dieu, nourricier et père de tous les êtres engendrés et régénérés, prépare de ses propres mains la nourriture la plus convenable à l’enfant nouveau-né ; comme la manne, aliment céleste des hommes, était répandue du haut du ciel pour les anciens hébreux. De là vient sans doute que les nourrices donnent encore aujourd’hui le nom de manne au premier lait qui s’épanche de leur sein. Au reste, les femmes enceintes, lorsqu’elles deviennent mères, donnent naturellement du lait. Notre Seigneur Jésus-Christ, le fruit d’une vierge, n’appelle point heureuses les mamelles d’une femme. Il n’en tire point sa subsistance : mais, envoyé du haut du ciel, comme une rosée, par un père plein de bonté et d’amour pour les hommes, il se donne lui-même aux hommes sages, comme une nourriture spirituelle.

Ô miracle mystique ! Il n’y a qu’un Père, un Verbe, un Saint-Esprit. Ce Dieu unique est le père de tous les êtres, et il est présent par tout. Il n’y a qu’une mère qui soit vierge, c’est l’Église, à qui j’aime de donner ce nom. C’est la seule mère qui n’ait point eu de lait parce qu’elle est la seule qui n’ait point été femme. Elle est tout ensemble vierge et mère, pure comme une vierge, tendre comme une mère. Elle appelle et réunit autour d’elle ses enfants, qu’elle nourrit du lait de sa parole ; elle n’a point eu de lait parce que le corps de Jésus-Christ est la nourriture qu’elle donne à ses enfants, à ce peuple nouveau que les souffrances du Seigneur ont produit, dont lui-même a enveloppé le corps naissant et qu’il a lavé de son sang pré-