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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

des, parce que vous n’en étiez pas encore capables, » peuvent signifier, sous la figure d’une plus forte nourriture, cette grande révélation qui aura lieu dans la vie future, lorsque nous verrons Dieu face à face. — « Car maintenant, dit le même apôtre, nous voyons comme à travers un miroir, nous verrons alors face à face. » Poursuivant le même sujet, il ajoute : « Mais vous ne le pouvez pas maintenant, car vous êtes encore charnels. Vos pensées, vos désirs, vos amitiés, vos jalousies, vos colères enfin sont toutes charnelles. » Car nous ne serons plus alors dominés par la chair, comme quelques uns l’ont pensé, mais ayant avec notre chair un visage semblable à celui des anges, nous verrons la promesse face à face.

Comment donc, si l’accomplissement de cette promesse nous attend au sortir de la vie, comment peuvent ils se vanter de savoir « des choses que l’œil n’a point vues, que l’esprit humain ne saurait comprendre, » puisque tout ce qu’ils savent ils l’ont appris par le ministère des hommes plutôt que par le ministère du Saint-Esprit ? Comment comprendraient-ils ces mystères qui n’ont été révélés qu’à celui qui fut ravi au troisième ciel, mystères impénétrables qu’on lui ordonna de couvrir d’un profond silence ? Mais si c’est la sagesse humaine qui les fait parler, et c’est le seul motif que nous puissions leur prêter, ne peut-on pas dire qu’ils tirent une vaine gloire de leur science ? Écoutez la règle que prescrit l’Écriture : « Que le sage ne se glorifie point dans sa sagesse, ni le fort dans sa force ; mais que celui qui se glorifie ne se glorifie que dans le Seigneur. » Nous donc que le Seigneur a instruits, nous nous glorifions dans le nom du Christ. Comment donc ne pas supposer que l’apôtre a parlé ici du lait que l’on donne aux enfants, puisque nous sommes les pasteurs qui gouvernons les églises à l’image du bon pasteur, et que vous êtes les brebis qui nous sont confiées ? En disant que le Seigneur est le lait du troupeau, ne dit-on pas allégoriquement qu’il en est le gardien ? Mais appliquons de nouveau notre esprit au véritable sens de ces paroles : « Je ne vous ai nourris que de lait, et non point d’une nourriture solide,