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tendra le passage de l’apôtre de la manière suivante : « Comme les nourrices prodiguent leur lait aux enfants naissants ; ainsi que je vous ai nourris du Verbe, du lait de Jésus-Christ, en versant dans votre âme une nourriture spirituelle. »

Le lait est donc le plus parfait des aliments, et il conduit à la vie éternelle. De là vient que l’Écriture nous promet le lait et le miel après la cessation de nos fatigues. C’est avec justice également que le Seigneur promet le lait aux justes, afin de prouver que le Verbe est deux choses tout à la fois, l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. Il semble qu’Homère ait deviné, comme malgré lui, cette nature mystérieuse du lait, lorsqu’il donne aux hommes vertueux, un nom qui signifie qu’ils se nourrissent de lait. On peut encore prendre dans le même sens cette parole du même apôtre : « Et moi, mes frères, je n’ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des personnes encore charnelles ; et comme des enfants en Jésus-Christ. » L’apôtre entend par les personnes spirituelles ceux qui croyaient déjà au Saint-Esprit, et par les personnes charnelles, les catéchumènes, qui n’étaient pas encore purgés de leurs anciennes erreurs. Il les appelle charnels, parce que leurs pensées, comme celles des Gentils, étaient encore des pensées selon la chair. « Puisqu’il y a parmi vous des jalousies et des disputes, n’est-il pas visible que vous êtes charnels et que vous vous conduisez selon l’homme ? » C’est donc pour cela qu’il leur dit : « Je vous ai nourris de lait, » c’est-à-dire j’ai répandu en vous, par une instruction, des connaissances qui vous serviront de nourriture pour la vie éternelle. Ce mot, je vous ai donné à boire du lait, est le symbole de la félicité parfaite qu’ils attendent. En effet, les hommes faits boivent, et les enfants tètent. « Mon sang, dit le Seigneur, est un véritable breuvage. » Lors donc que l’apôtre dit qu’il nous a donné à boire du lait, n’est-il pas clair qu’il veut parler de cette joie parfaite, c’est-à-dire la connaissance de la vérité qu’on trouve dans le Verbe, qui est notre lait, notre nourriture ? Ces mots qu’il ajoute, « je ne vous ai pas nourris de viandes soli-