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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

fils ; et s’il est fils, il est aussi héritier par la grâce de Dieu. » Que manque-t-il donc au fils qui hérite ? Voici l’explication qu’on peut donner à ces paroles de saint Paul : « Quand j’étais encore enfant, c’est-à-dire quand j’étais Juif (l’apôtre, en effet, était juif de naissance), je pensais en enfant, parce que je suivais la loi ; lorsque je suis devenu homme, je me suis dégagé de tout ce qui était de l’enfance, c’est-à-dire de la loi. Maintenant je pense en homme, c’est-à-dire d’une manière digne du Christ, que l’Écriture appelle l’homme par excellence, comme nous l’avons déjà dit ; je me suis dégagé de tout ce qui était de l’enfance. » Mais l’enfance, selon le Christ, est la perfection. Nous devons donc ici défendre notre enfance contre l’enfance de la loi ; et ici nous devons encore donner l’interprétation des paroles suivantes du même apôtre : « Je vous ai fait boire du lait comme à des enfants dans le Christ ; je ne vous ai pas donné une autre nourriture parce que vous n’en étiez pas alors capables ; et à présent même vous ne l’êtes pas encore. » Je ne crois pas qu’il faille entendre cette parole d’une manière judaïque, et je lui opposerai cet autre passage de l’Écriture : « Je vous conduirai dans une terre fertile où coulent le lait et le miel. » Un doute extrême naît de la comparaison de ces deux passages. Si le commencement de la foi en Jésus-Christ est l’enfance désignée par le lait, et si cette enfance doit être méprisée comme futile et de nul prix, comment se fait-il que le repos accordé après le festin à l’homme parfait et au vrai Gnostique soit figuré par le lait, qui semble ne devoir être que le soutien de l’enfance ? Ne pourrait-on pas éclaircir la difficulté que présentent ces deux passages, en lisant le premier de la manière suivante : « Je vous ai donné un breuvage en Jésus-Christ, » et ajouter, après un court intervalle, « comme à des enfants, » afin que de la séparation que j’indique dans la prononciation il résulte ce sens : Je vous ai instruits en Jésus-Christ, j’ai fait couler dans votre âme une nourriture simple, naturelle, spirituelle, telle qu’est le lait, qui est la nourriture des animaux, jaillissant de mamelles pleines d’amour, comme une fontaine de sa source. Ainsi, on en-