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xxiv
DE LA TRADITION.

pas prêché publiquement toute sa doctrine, mais qu’il avait confié plusieurs vérités à quelques-uns de ses disciples, sous condition qu’ils ne les révéleraient qu’à ceux qui seraient capables de les entendre et de les conserver. Saint Irénée rejette ces traditions avec raison ; il dit que si les apôtres avaient appris de Jésus-Christ des vérités cachées, ils les auraient transmises à ceux auxquels ils confiaient le soin des Églises. Il dit aux Marcionites : Lisez exactement les prophètes, lises les évangélistes, vous trouverez dans ces écrits toute la doctrine de Jésus-Christ. Ce n’est donc qu’au défaut des Écritures, que ce père dit qu’il faudrait recourir à la tradition. Mais, quelle ressemblance y a-t-il entre les prétendues traditions cachées des hérétiques, dont il n’y avait point de témoins, et l’enseignement public, constant, uniforme des pasteurs auxquels les apôtres avaient confié les Églises, enseignement que saint Irénée appelle tradition ? C’est à cette règle qu’il veut qu’on s’en rapporte, en cas de dispute sur la moindre question. Or, lorsque l’Écriture garde le silence, n’est-ce pas la même chose que si l’on n’avait point l’Écriture pour savoir ce qu’il y a de vrai et de certain ? Il soutient avec raison que, s’il y avait eu des vérités cachées, les apôtres les auraient enseignées aux pasteurs par préférence, puisque de tous les fidèles c’étaient les plus capables de comprendre ces vérités et de les conserver. Mais ce n’est point là l’idée que les Protestants nous donnent de ces hommes apostoliques ; ils les peignent comme des hommes simples, ignorants, crédules, qui n’avaient ni discernement ni capacité.

Quant aux Marcionites, le cas était tout différent ; ils soutenaient que l’ancien Testament et le nouveau n’étaient pas l’ouvrage du même Dieu. Pour prouver le contraire, saint